Manifestement, la République Démocratique du Congo accuse de difficultés d'abriter, le 24 février prochain, le dixième sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays signataires de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région. Dans le compte-rendu de sa réunion du vendredi 4 février, le Conseil de ministres a été informé de la tenue dudit sommet au travers d'une note du Ministre chargé de l'Intégration régionale représenté à ces travaux. Dans le but d'en évaluer le niveau de préparatifs, une réunion technique s'est tenue autour du Premier Ministre le lundi 7 février à l'hôtel du gouvernement.
Censée remettre en activité le comité de pilotage du Mécanisme national de suivi, comme initialement annoncé, cette réunion a uniquement fait le point de l'organisation du sommet plusieurs fois reporté depuis octobre 2019.
Des informations recoupées indiquent que le comité exécutif du Mécanisme National de Suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, qui organise cette activité de très haute portée diplomatique, n'a pas encore reçu tous les fonds nécessaires pour faire face aux contraintes surtout logistiques. La construction en cours d'un chapiteau à la Cité de l'Union Africaine, à l'initiative du Comité exécutif du Mécanisme, pour servir de cadre du sommet, a accusé du retard à tel enseigne qu'il est envisagé un "plan B" pour parer à toute éventualité. Cela, malgré le recours à la technicité des architectes étrangers pour prêter mains fortes aux ingénieurs congolais, font savoir des sources au faîte du dossier.
Côté diplomatique, aucun Chef d'Etat n'a à ce jour confirmé sa venue à Kinshasa pour le sommet du 24 février. "Il est évident que l'Ouganda, qui doit passer le témoin à la RDC en marge de ce sommet, ne sera pas représenté par son Président de la République qui a déjà promis de ne pas participer à cette réunion", confie une source onusienne. Inquiétude au Ministère congolais des Affaires étrangères où l'on indique que "le sommet attendu ne le sera que s'il y a des Chefs d'Etat. Sinon, ça n'aura servi à rien de le tenir".
La semaine dernière, en visite de travail à Kinshasa, l'envoyé spécial du secrétaire général des nations unies pour la région des grands lacs, H. Xia, avait déclaré à la presse : "Nous comptons sur le Président Tshisekedi dans ses efforts de mobilisation des chefs d'Etat des autres pays signataires de l'Accord-cadre" pour que le succès de ce sommet soit "total". Côté ministère de l'intégration régionale, l'on indique qu'il n'y a pas en vue une mission de persuasion des chefs d'Etat de la région pour une participation en présentiel au sommet.
Dans les chancelleries des pays de la région, plusieurs sources contactées déplorent qu'aucune communication n'ait été faite par les organisateurs du sommet sur les détails au millimètre près du programme de cette réunion qui comprend des implications sécuritaires pour leurs chefs d'Etat. "Comment allons-nous prendre des dispositions pour la venue de nos Chefs d'Etat si nous n'avons pas assez d'informations sur tous les aspects", se demande une source diplomatique.
Plusieurs observateurs avertis disent ne pas comprendre les difficultés d'organisation du sommet de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba alors que le pays a tenu avec succès, en novembre 2021, le premier sommet des chefs d'Etat africains sur la masculinité positive. "Pourquoi, dans les mêmes conditions, le sommet de novembre a été une grande réussite et celui de l'Accord-cadre peine à l'être ?", dit ne pas comprendre un membre du cabinet du chef de l'Etat.
Dans tous les cas, un nouveau report du sommet de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba risque de porter un coup dur sur l'image du pays. Maintenir la tenue du sommet sans s'assurer de la participation d'au moins trois chefs d'Etat sur les douze attendus ne constituera pas une preuve du caractère "agissant" de la diplomatie congolaise. Dans l'opinion publique nationale, nombreux questionnent l'importance de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, neuf ans après sa signature dans la capitale éthiopienne. Dans son discours programme devant les députés nationaux, le Premier Ministre Jean-Michel Sama avait dit vouloir engager son équipe dans son évaluation.