Genocost: dénonçant la politique de "deux poids, deux mesures", la RDC exige une reconnaissance internationale et réitère sa demande pour la création d'un Tribunal International Spécial

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo a commémoré samedi 2 août 2025 la journée nationale du GENOCOST, le génocide congolais pour des gains économiques. Cette journée initiée par le gouvernement depuis maintenant 3 ans vise à rendre hommage à des dizaines des millions de congolais morts à la suite des guerres et autres conflits armés qui endeuillent le pays depuis près de trois décennies déjà et pour que ces crimes ne tombent pas dans les oubliettes.

Cette journée qui rappelle les souvenirs macabres des atrocités, dont le principal mobile reste l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC a permis à la ministre des Droits Humains Chantal Chambu Mwavita de lancer un vibrant plaidoyer axé sur trois points en faveur de la justice pour les millions de Congolais victimes de massacres, de violences sexuelles, d’enrôlements forcés et de déplacements massifs.

"Alors que nous commémorons le Genocost aujourd'hui, nous demandons donc avec Solennité la reconnaissance officielle par les Nations-Unies , l'Union Africaine et les États membres du caractère génocidaire des crimes commis en RDC, la création d'un Tribunal International Spécial pour le Congo chargé de poursuivre les auteurs des crimes graves y compris les actes de génocide, l'établissement du 2 août comme journée internationale des memoires pour les victimes des congolaises du génocide et la mobilisation de la communauté internationale pour garantir réparation, justice et garantie de non répétition", a plaidé Chantal Chambu Mwavita, Ministre des Droits Humains de la RDC.

Au nom de la République Démocratique du Congo, Chantai Chambu Mwavita a dénoncé la politique de deux poids deux mesures qui peine reconnaître jusqu'à ce jour le génocide congolais.

"Ce que nous demandons n'est pas un privilège, c'est un droit, le droit d'un peuple à la vérité, le droit des victimes à la justice et le devoir de l'humanité à se souvenir. Le peuple congolais n'a que trop pleurer, il est temps que l'histoire retienne les faits et il est plus que temps que justice soit rendue pour que vive la mémoire et la justice et que le Congo s'élève, digne, reconnu et respecté. Pourquoi ces deux poids deux mesures ? Pourquoi certaines tragédies méritent-elles reconnaissance et d'autres l'oubli ? À la communauté internationale, j'ai dit: reconnaître un génocide n'est pas un acte diplomatique, c'est un acte de vérité, un acte de justice, un acte de mémoire en somme un acte humain, c'est poser une pierre sur les tombes oubliées, c'est dire aux survivants votre souffrance compte, votre vie a de la valeur, votre horreur, votre histoire mérite d'être entendue", a souligné la ministre des Droits Humains Chantal Chambu Mwavita.

Ce membre du gouvernement Suminwa rappelle que depuis plus de trois décennies, la République démocratique du Congo endure une tragédie humaine de proportion historique.

"Plus de 12 millions de morts, des centaines de milliers de femmes violées, des enfants transformés en soldats, en esclaves ou en orphelins, des déportations de Congolaises à des destinations inconnues et des rapatriements involontaires forcés des réfugiés rwandais. Des communautés entière décimées, des villages rasés, des forêts devenues des charnières, une économie piller, une souveraineté bafouée et pourtant le monde reste silencieux, la justice tarde encore et un mot que tout redoute de prononcer, un mot que tous redoutent de prononcer " génocide "" a fait remarquer Chantal Chambu Mwavita, Ministre des Droits Humains.

Et de poursuivre :

"Comment nommer autrement une entreprise systématique de destruction humaine ? Économique? et culturelle!? Conduit dans l'impunité, sur la base d'identité ethnique, géographique ou national et bien son nom c'est génocide, comment nier que ce qui se passait dans et continue encore aujourd'hui à se produire constitue un génocide. Le rapport Mapping des Nations-Unies publié en 2010 a documenté 617 incidents des massacres et crimes de masse. Certains qualifiables de génocide et appeler à des enquêtes approfondies. Mais à ce jour, aucune instance internationale n'a officiellement reconnu le génocide congolais". 

La date du 2 août consacrée à la commémoration des victimes des violences massives qui ont endeuillé le pays depuis plus de trois décennies ainsi qu’à l’hommage rendu à celles et ceux qui leur ont porté secours tire son origine de l'article 28 de la loi du 26 décembre 2022 fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité.

Rappelons-le, la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et le Fonds National des Réparations des Victimes des Violences Sexuelles liés aux Conflits et des Victimes des Crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, FONAREV en sigle ont été instituées en décembre 2022 par la loi précitée. La première a pour mission de mener des réflexions et recherches pour accompagner la mise en œuvre de la justice transitionnelle en RDC, en proposant des réformes sur le cadre institutionnel et juridique susceptibles de garantir la non-répétition des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, ainsi que d’assurer le suivi de la mise en œuvre des programmes d’aide aux victimes et d’émettre des avis sur la question d’aide et des réparations.

Les missions du FONAREV sont nombreuses et essentielles pour répondre aux besoins des victimes des violences sexuelles et des crimes contre l’humanité en RDC. Elles comprennent : identifier les victimes, aider les victimes à avoir accès à la justice, allouer les réparations aux victimes.

Clément MUAMBA