Maniema : Une année du gouvernement provincial entre engagements tenus et défis persistants

Le Gouverneur du Maniema, Mussa Kabwankubi
Le Gouverneur du Maniema, Mussa Kabwankubi

Une année après son investiture, le gouvernement provincial du Maniema, dirigé par Mussa Kabwankubi Moïse, a présenté son bilan mi-parcours. Un document remis à la presse par la secrétaire exécutive du gouvernement, Ongambo Longe Antoinette, détaille les réalisations, les défis et les perspectives pour la province. Selon Ongambo Longe Antoinette, dès la première année, la province du Maniema était confrontée à cinq défis majeurs.

« L’absence de l’autorité de l’Etat, l’insécurité, une criminalité galopante, le banditisme urbain et même une forte méfiance de la population vis-à-vis des institutions povinciales ; Une faible capacité de mobilisation des ressources internes, faiblesse due à la politisation à outrance de la Régie financière provinciale, à la faible formation du personnel de la DGRMA ainsi qu’à l’absence de la culture fiscale des assujettis », a expliqué Ongambo concerant les deux premiers défis.

Et de poursuivre :

« L’absence d’entreprises structurantes, et donc d’activités économiques ; l’enclavement de la province par rapport aux provinces environnantes ; la faible desserte en énergie électrique (moins de 2% de la population ont accès à l’électricité). »

La secrétaire exécutive a expliqué que par rapport à ces défis, les réalisations du gouvernement provincial du Maniema sont axées sur 5 principaux domaines à savoir, la politique, l’administration, la sécurité et la justice (1er domaine) ; l’économie, les finances et le Budget (2ème domaine) ; les infrastructures, les ressources naturelles et la production (3ème domaine) ; le social (4ème domaine) et enfin la coopération interprovinciale (5ème domaine).

Gouvernance, sécurité et justice

Le premier pilier de cette action a été la restauration de la stabilité institutionnelle et de la sécurité. Le gouvernement a réussi à renouer le dialogue et la collaboration avec l'assemblée provinciale, mettant fin à une période de tension politique. Cette cohésion a permis la tenue régulière des conseils des ministres et du comité provincial de sécurité.

Sur le terrain, la criminalité urbaine à Kindu a drastiquement chuté, passant d'une moyenne de 10 cas par jour à moins de deux par semaine, grâce à des mesures ciblées. La suppression de plus de 194 barrières illégales, le renforcement des moyens des services de sécurité (avec la remise de motos, de téléphones et de sifflets) et la mise en place de l'initiative « Nyumba Kumi » (10 maisons) ont été déterminants.

Un autre fait marquant est l'élévation de la province au rang de région militaire autonome, sur plaidoyer du gouvernement provincial. Cette reconnaissance s'accompagne d'un encadrement des anciens groupes Maï-Maï, désormais intégrés au sein des "wazalendo" pour la défense de la patrie.

Économie et finances

Sur le plan économique, le gouvernement a posé les jalons d'un développement endogène. Il a notamment mis en place un système de taxes conventionnelles pour les produits miniers, pétroliers et de consommation courante. La gestion de ces fonds est caractérisée par une transparence avec la participation des forces vives de la province (FEC, société civile, confessions religieuses) dans le contrôle et la sélection des projets à financer.

L'installation de la société DRC Gold Trading SA a propulsé le Maniema au rang de première province de la RDC en matière d'exportation d'or de production artisanale, avec plus de 600 kg exportés en seulement quatre mois. Ces résultats s'inscrivent dans une stratégie plus large de modernisation de la Direction Générale des Recettes du Maniema (DGRMA) et d'intégration de la province au projet "ENCORE" de la Banque Mondiale.

Infrastructures et coopération

Le désenclavement de la province est une priorité affichée. En seulement huit mois, 500 km de routes en terre battue ont été réhabilités sur plusieurs axes stratégiques (Punia-Lubutu, Pont Ulindi-Kailo, Nyoka-Pangi, etc.).

Cet effort a été rendu possible grâce aux recettes générées par les taxes conventionnelles et a conduit à la création de l'Office Provincial d’Entretien Routier (OPERMA).

Des initiatives de coopération interprovinciale ont également été lancées, notamment un protocole d'accord avec la province de la Tshopo pour la réhabilitation du tronçon Kisangani-Ubundu et la signature d'un "Cadre Permanent de Coopération Interprovinciale" avec le Sud-Kivu et le Nord-Kivu, renforçant ainsi les liens régionaux. Le gouvernement a par ailleurs institué le fonds "TUJENGE Maniema", un appel à la solidarité de tous les Maniémiens pour la reconstruction de leur province.

Action sociale

Dans le domaine social, le gouvernement a notamment appuyé le secteur de l'éducation en fournissant 11 000 tôles aux écoles et en stabilisant le personnel enseignant. La construction d'une usine d'oxygène médical à Kindu et la démolition des constructions anarchiques font également partie des réalisations notables.

Conscient des défis qui restent à relever, le gouvernement se tourne vers l'avenir avec plusieurs perspectives, notamment la digitalisation des recettes provinciales, l'électrification de Kindu, Kalima et Kailo, et la relance des activités minières et agricoles industrialisées, autrefois apanage de la province.

Chadrac Londe, à Kindu