Après les travaux préparatoires qui ont eu lieu du 19 au 23 juin à Kinshasa, les acteurs cibles se sont donnés rendez-vous à la mi-juillet pour la table ronde sur l’avenir de l'état de siège en vigueur depuis deux ans dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri . A moins de 6 mois des élections, faut-il lever ou maintenir cette mesure exceptionnelle ? Le Desk Femme d'Actualite.cd a contacté Irène Vaweka basée en Ituri.
" En tant qu'Iturienne et femme, je pense que le gouvernement ferait mieux de maintenir l'état de siège jusqu'à la période post-électorale", soutient Mme Vaweka.
Et de s'expliquer, " lorsque l'état de siège a été décrété dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, il y avait des ambitions. Notamment, mettre fin à l'activisme des groupes armés, mettre en œuvre le Programme de démobilisation, désarmement et réinsertion sociale. A ce jour, nous remarquons des faits positifs qui ne doivent pas être négligés. Il s'agit par exemple de la coopération entre les Forces armées et la Police Nationale pour maintenir la sécurité dans les provinces et éradiquer les groupes armés. Par rapport au gouvernement civil, nous constatons que l'installation du gouvernement militaire a remis en ordre plusieurs secteurs d'activités dans la province. Les instructions données sont observées de manière hiérarchique même au niveau de la population. Bien qu'il y ait des poches où l'insécurité persiste comme à Djugu, Irumu, et Mahagi, les opérations ne s'arrêtent pas. Les dialogues sont organisés pour aboutir aux résultats escomptés".
Irène Vaweka qui est à ce jour Point focal du processus de paix de Nairobi, mentionne également le fait que certains hommes en uniforme impliqués dans l'insécurité dans la partie Est du pays sont également dénoncés et arrêtés, y compris des infiltrés au sein de l'Armée Congolaise.
Lancé en 2021 par le Chef de l'état Félix Tshisekedi, l'état de siège a été prorogé au moins 45 fois. Au sein de la société civile, des voix se sont levées pour appeler à la levée de cette mesure car les atrocités se sont intensifiées.
Pourquoi ne pas lever la mesure avant les élections ?
Mme Vaweka estime que la tenue des élections ne perturbera en rien l'état de siège. Bien au contraire, la levée pourrait entraîner une régression dans les efforts de paix mis en place.
"Les dialogues pourraient être stoppés, il va falloir trouver des nouvelles alternatives, lancer de nouvelles rencontres, choses qui vont avoir un impact réel sur le déroulement des élections. Le moment n'est pas propice", précise-t-elle.
Et même s'il arrivait que le Commandant suprême vienne à être changé après la présidentielle, il va falloir refaire une évaluation avec des acteurs clés pour poursuivre la mise en œuvre de l'état de siège, a-t-elle également suggéré.
Irène Vaweka a aussi travaillé dans les organisations non gouvernementales pendant au moins 5 ans, défendant les droits humains et participé à la construction et au maintien de la paix.
Lire aussi : RDC :Bintou Keita réitère la position de l'ONU de renforcer les FARDC et la police en Ituri
RDC : les Kinois réagissent à l’an 1 de l’occupation de Bunagana par le M23
Prisca Lokale