Porté par le CIFOR-ICRAF et financé par l’Union européenne, le programme RESSAC (Recherches Appliquées en Écologie et Sciences Sociales en appui à la gestion durable des Écosystèmes forestiers en Afrique Centrale) s’impose comme une véritable locomotive pour la recherche scientifique dans le bassin du Congo. À l’occasion de la 20ᵉ réunion du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC), Richard Sufo Kankeu, chercheur et coordonnateur du programme, a dévoilé les résultats significatifs obtenus après quatre ans de mise en œuvre.
Depuis son lancement, le programme RESSAC a misé sur une approche inclusive et scientifique pour aborder les défis de la gestion durable des forêts.
« Nous avons concerté les acteurs forestiers et identifié les thématiques prioritaires, aussi bien écologiques que sociales. Sur cette base, nous avons financé 26 projets, impliquant 26 post-doctorants, un doctorant et 91 étudiants de master », a expliqué Richard Sufo.
Ces recherches ont permis de produire des connaissances nouvelles sur des sujets clés tels que la santé et les forêts, le rôle des peuples autochtones dans la conservation, ainsi que la valorisation des savoirs traditionnels. Plus de 150 chercheurs ont également été formés à la gestion de projets, à la rédaction scientifique et à la communication scientifique, contribuant ainsi à un véritable changement de paradigme dans la région.
Un modèle innovant et un impact palpable
Au-delà des résultats académiques, l’impact du programme se mesure aussi à travers la dynamique qu’il a créée dans le monde de la recherche.
« La notion de post-doc était encore très abstraite dans la région. Aujourd’hui, de jeunes chercheurs s’y intéressent activement et nous sollicitent pour ouvrir davantage de postes », se félicite le coordonnateur.
RESSAC s’illustre aussi par sa capacité à promouvoir la mobilité des chercheurs. Plusieurs d’entre eux ont pu présenter leurs travaux à l’international, grâce à des financements dédiés. Un appui qui permet non seulement la visibilité des jeunes scientifiques, mais aussi le renforcement des liens entre les institutions de recherche du bassin du Congo et leurs homologues étrangers.
Vers une pérennisation du programme
Alors que le projet s'achève officiellement en novembre 2025, des discussions sont déjà engagées pour une prolongation jusqu’en novembre 2026. Mieux, les initiateurs ambitionnent d’en faire une initiative durable.
« Nous réfléchissons à la création d’une communauté d’alumni pour maintenir la dynamique et développer de nouveaux projets. L’idée est de bâtir une plateforme pérenne pour appuyer la jeune recherche africaine », précise Richard Sufo.
Des dialogues entre scientifiques et décideurs sont également en préparation, avec en ligne de mire un forum international prévu d’ici la fin de l’année, pour renforcer l'interface entre science et politiques publiques.
Dans un contexte où la pression sur les forêts du bassin du Congo s’intensifie, le programme RESSAC démontre qu’une recherche appliquée, ancrée dans les réalités locales et connectée aux enjeux globaux, peut être un levier puissant pour la durabilité. En tissant des ponts entre science, politique et société, il redessine le paysage de la recherche en Afrique centrale et ouvre des perspectives prometteuses pour la gouvernance forestière de demain.