RDC-Rwanda : HRW suggère que tout investissement dans les infrastructures ou le soutien à la sécurité soit subordonné au retrait des troupes rwandaises et à la fin du soutien congolais aux groupes auteurs d'exactions

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Pour une meilleure application de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, l’ONG internationale Human Right Watch fait des propositions strictes pour la l’amélioration de la situation sécuritaire avant de penser au côté économique. Signé sous l’égide des Etats-Unis, l’accord prévoit de renforcer la coopération bilatérale, notamment dans l’hydroélectricité, la gestion des ressources naturelles et la traçabilité des minerais. 

Pour Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch, tout investissement dans les infrastructures ou le soutien à la sécurité doit être subordonné au retrait des troupes rwandaises et à la fin du soutien congolais aux groupes auteurs d'exactions.

“Le Congrès américain peut contribuer à améliorer les chances de succès et de viabilité de l'accord négocié par les États-Unis avec la RD Congo et le Rwanda en exigeant que tout investissement dans les infrastructures ou le soutien à la sécurité soit nécessairement subordonné au retrait complet des troupes rwandaises de la RD Congo et à la fin du soutien congolais aux groupes auteurs d'exactions. Le Congrès devrait également manifester son soutien aux enquêtes sur les crimes graves et veiller à la mise en place d'un suivi international et au respect de l'accord”, a-t-il dit dans un communiqué.

Et d’ajouter : 

“De telles actions constituent le minimum pour ne pas trahir la promesse d'une paix réelle et durable pour l'est de la RD Congo, ainsi que pour garantir aux États-Unis un approvisionnement fiable en minerais qui ne soit pas entaché de violations des droits humains”.

HRW souligne aussi que les divisions ethniques demeurent très vives dans la région, et que le gouvernement congolais devrait faire preuve d’efforts de bonne foi pour réfréner les discours haineux qui risquent d'inciter à la violence.

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, vendredi 27 juin à Washington, un accord de paix présenté comme historique. Paraphé par les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner pour la RDC et Olivier Nduhungirehe pour le Rwanda, cet accord a été conclu sous l’égide des États-Unis, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Il s’agit de l’aboutissement d’un processus diplomatique engagé depuis plusieurs mois pour apaiser les tensions persistantes dans l’Est de la RDC.

L’accord comporte deux volets principaux : sécuritaire et économique. Sur le plan sécuritaire, il prévoit la cessation des hostilités entre les deux pays, le respect mutuel de l’intégrité territoriale, la fin du soutien aux groupes armés comme les FDLR et le M23/AFC, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de sécurité dans les 30 jours suivant la signature. Ce mécanisme s’appuie notamment sur le Plan harmonisé de neutralisation des FDLR adopté à Luanda en octobre 2024.

En matière économique, l’accord s’inscrit dans les cadres régionaux existants tels que la CIRGL, le COMESA et l’EAC, avec un soutien accru des États-Unis et du Qatar, partenaires diplomatiques impliqués dans les discussions. Washington et Doha entendent ainsi harmoniser leurs efforts pour stabiliser durablement la région des Grands Lacs.

Kuzamba Mbuangu