RDC : les Kinois réagissent à l’an 1 de l’occupation de Bunagana par le M23

Les combattants du M23 à Kibumba
Les combattants du M23 à Kibumba

En mai 2021, le président de la République, Félix Tshisekedi, a décrété l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu afin de mettre fin à l'insécurité qui sévit dans ce coin du pays depuis deux décennies. Alors que les deux provinces demeurent encore sous état de siège, la cité de Bunagana dans le Nord-Kivu a été occupée par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.

Le M23 s’est emparé de Bunagana le 13 juin 2023. L’armée s’est battue aux côtés notamment des forces de l’EAC mais sans succès. Plus d’un an après, plusieurs Kinois deviennent sceptiques et semblent ne plus avoir d’espoir.

« C'est de l'incapacité de notre gouvernement. Si aujourd'hui une partie du pays se retrouve sous l'occupation des rebelles du M23, c'est l'absence de l'Etat. Le gouvernement doit mettre en place une armée et travailler sur cette armée. C'est en travaillant sur notre armée que le pays peut faire face à la situation dans l'Est de la RDC car sur le plan diplomatique, on a échoué. Un faux espoir du président Félix Tshisekedi qui comptait sur ses homologues de l’extérieur et ça n'a pas marché. Mais également avec l'EAC, le gouvernement a tenté ses efforts qui, jusqu'à présent, sont en vain. Actuellement, le même gouvernement fait appel à la SADC qui, jusqu'alors résiste pour venir. Donc il faut noter que diplomatiquement rien ne marche. Le mieux pour nous, c'est de compter sur notre armée », confie Jean Baptiste, étudiant.

De l'autre côté, Dominique, fonctionnaire de l’Etat, reproche au gouvernement ce qu’il qualifie de manque de volonté « d’aller jusqu’au bout ».

« Je reproche à Félix Tshisekedi son incapacité à mettre  fin à l'insécurité qui persiste dans l'Est de la RDC et le manque de volonté par rapport à des opérations qui ont été  entreprises mais qui ne sont pas allées jusqu'au bout. Qui sont dit par le non-respect des accords. Il faut rappeler ici qu'il y a plusieurs opérations qui ont été signées par exemple l'opération de grande envergure signée en octobre 2019, l'état de siège qui était décrété depuis mai 2021 mais dont les provinces concernées continuent d'être sous contrôle des rebelles. Une autre opération, c'est P-DDRCS, qui consistait depuis 2021 a intégrer les rebelles au milieu social et les rebelles étaient ouverts pour ce programme, malheureusement le gouvernement n'a pas pu accélérer cela. Encore l'opération FARDC-ADF on en sait plus la suite et le processus de Nairobi où il y a eu le volet consultation et forces régionales qu'on ne connait également la suite. Aucune définition claire sur toutes ces stratégies et tous ces processus. Bref, il y a un manque de volonté d'aller jusqu'au bout », explique-t-il.

Offusqué par ce mauvais souvenir, Héritier, étudiant, déplore les fausses promesses.

« Cette occupation est justifiée par l'incapacité de notre État. Nous ne sommes pas capables, nous sommes faibles et il faut le reconnaître. L'autre erreur est que Félix Tshisekedi depuis qu'il est venu au pouvoir, est juste venu faire le tour du monde en cherchant de partenariats et soutiens de conseil de sécurité de l'ONU. C'est aux termes de son premier mandat qu'il s'est rendu compte que dans les Etats, il n’y a pas d'amis sauf des intérêts à défendre. Le mal, c’est que Félix Tshisekedi ne tient jamais à sa parole. Il a promis de renforcer notre armée lorsqu'il viendra au pouvoir malheureusement jusqu'au bout du premier mandat, rien n'est fait », dit-il.

Noëlla n’est pas optimiste. « Le peuple congolais ne peut pas espérer la reprise de Bunagana par les rebelles car c'est un régime plaintif, illégitime. loin de moi d'être pessimiste mais je dis ce que pense car la liberté c'est aussi laisser tout le monde dire ce qu'il pense sans inquiéter personne ».

Jacques Kalala, quant à lui, conserve un brin d’espoir que la situation peut toujours changer.

« Je m’attends à ce qu’il y ait changement car nous savons que le chef de l'État Félix Tshisekedi a la volonté de mettre fin à toute insécurité. Il l'a promis et a la volonté d'en finir avec toutes formes d'insécurité », déclare-t-il.

Pour Bernadette Ndjovu, étudiante en sciences de l’information et de la communication, « le régime actuel ne peut rien faire pour la reprise de Bunagana. Attendons après les élections pour voter quelqu’un qui est capable de défendre les intérêts du pays ».

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Albert Raphaël Ahindo