Télécoms : la connexion des milieux ruraux en RDC deviendrait un nouveau catalyseur du développement économique

Ph. droits tiers

La demande en connectivité croît à travers la République Démocratique du Congo depuis 2020 selon l'Agence Ecofin. Ce besoin est exprimé en grande partie par les populations vivant en milieux ruraux qui désirent également tirer profit des services de télécommunications. 

Depuis lors, les autorités congolaises avec les partenaires du domaine sont à la recherche des solutions quant à ce, pour notamment favoriser le développement économique de ces espaces.

La RDC est l'un des pays du continent africain qui détient encore le plus grand écart de connectivité entre les zones rurales et urbaines si l'on s'en tient au rapport de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) intitulé « The State of Mobile Internet Connectivity 2020 ». 

Dans ce rapport, le GSMA déplorait le fait que le taux de pénétration d’Internet mobile n’était que de 16% en milieu rural contre 40% en zone urbaine dans plusieurs pays du continent africain.

Pourtant, depuis 2016, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) interpelle avec insistance les gouvernements africains sur la nécessité de renforcer la connectivité rurale. Longtemps jugée coûteuse en déploiement et peu rentable, elle a désormais de fortes chances de susciter davantage d’intérêt suite aux leçons apprises de la crise sanitaire qui frappe le monde entier depuis décembre 2019 (Covid-19).

Aussi, selon plusieurs observateurs, le numérique se présente comme une composante essentielle de la relance économique post Covid-19 de l'Afrique et même de sa croissance future.

En effet, en 2020, l'activité économique en Afrique a été secouée par la pandémie mondiale du coronavirus. La RDC a connu au moins quatre vagues de contaminations depuis la détection du tout premier cas Covid-19 en mars 2020. Ces vagues ont amené le pays à mettre en place de nombreuses restrictions notamment pour ce qui est du déplacement des populations à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

Toutefois, comme dans bien de pays du continent, le secteur des télécommunications a bien résisté à la crise en RDC et pourrait faire des zones rurales de véritables bassins économiques en accélérant la transformation de l’agriculture, principale source de richesses, à en croire la Banque Africaine de Développement (BAD). Sachant qu'avant la crise du Covid-19, le numérique changeait l'économie mondiale et les systèmes agroalimentaires faisaient partie de cette transformation, notamment en Afrique. Avec la Covid-19, cette tendance s'est accélérée.

Selon Oumar S Diallo, Expert en digital business, le monde rural représente un fort potentiel pour de nombreux produits et services numériques. Le succès du mobile money illustre parfaitement cet état de fait. Le téléphone portable et le réseau mobile ont amélioré l’inclusion financière des ruraux. Ils ont désormais accès à des services comme l’épargne, le crédit, l’assurance, etc. Des services que les prestataires traditionnels (banque, assureurs, etc.) n’arrivaient pas à leur rendre accessibles. Cela montre bien que l’accès à la connectivité internet aura des effets plus que bénéfiques dans les régions les plus reculées.

Avec son programme de développement à la base des 145 territoires, le gouvernement congolais peut compter sur le numérique pour relancer l'économie dans les milieux ruraux. Kinshasa peut surtout mobiliser ses partenaires dans le domaine des Télécoms comme Vodacom, Orange, Airtel, Huawei et Helios afin de moderniser la connectivité de la RDC en milieu périurbain.

Actuellement, la couverture du réseau en milieu rural n'est plus un problème technique. De nombreux opérateurs africains, y compris internationaux, ont déjà réalisé leur plan de couverture nationale avec des fournisseurs.

De retour en 2021, l'équipementier Huawei a dévoilé une solution Rural Star Pro. Elle est d'abord moins coûteuse, puis révolutionne le mode de station de base traditionnel avec sa conception tout-en-un qui intègre la bande de base, la fréquence radio et le backhaul LTE sans fil dans un minuscule boîtier. Cette conception prend en charge l’auto-liaison sans fil LTE, compensant les faiblesses de la transmission par micro-ondes et par fibre optique.

Ainsi donc, l'obstacle à l'introduction de la connectivité mobile dans les régions éloignées, est une question de rentabilité pour les opérateurs ; qui ralentit la croissance du réseau en entraînant une fracture numérique. C'est là que l'implication du gouvernement s’avère nécessaire.

Au Ghana par exemple, le gouvernement a planifié de connecter 300 communautés rurales à la téléphonie mobile. Il a lancé le projet de téléphonie rurale et d’inclusion numérique le 4 novembre 2020. 

2016 sites télécoms doivent être déployés sur tout le territoire.

Les sites télécoms sont utilisés par tous les opérateurs télécoms ghanéens. MTN, Vodafone, Airtel, Tigo et Glo fournissent une couverture réseau pour les communautés, portant ainsi le taux de couverture nationale des communications mobiles de 83% à 95%. C’est plus de 3 millions de personnes supplémentaires qui ont l’opportunité de se connecter avec des parents, amis et potentielles relations d’affaires.

Pour leur part, les congolais attendent toujours un modèle innovant dans la connectivité en milieu rural ; en s’appuyant sur ce qui a déjà réussi en Afrique pour permettre aux communautés locales de sortir de l’enclavement numérique. C’est une opportunité à saisir pour lutter contre l’exode rural en RDC.

Bienfait Luganywa