A quatre jours de la fermeture des bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC), le Desk Femme d’ACTUALITE.CD s’est intéressé à la situation des listes au niveau des partis politiques. Jointes au téléphone ce 20 juillet, des candidates dressent un état des lieux.
Plusieurs candidates contactées pour la réalisation de cet article ont requis l’anonymat de peur d’être retirées des listes.
« Je tiens à remercier l’autorité morale de notre parti qui met un point d'honneur sur la question de la parité. Au niveau de la ville ou du territoire, les femmes se sont manifestées pour être candidates. Pour notre regroupement par exemple (allié de l’Union pour la Nation Congolaise), nous avons pu aligner un bon nombre de femmes. Dans la ville de Tshikapa, nous avons 5 candidats dont deux femmes. Au niveau des suppléants, nous avons atteint 5 femmes et 5 hommes. C’est vraiment équilibré », se réjouit une candidate, basée à Tshikapa, dans la province du Kasaï.
De difficultés pour les femmes à se manifester
Pélagie (nom d'emprunt) est basée à Kinshasa. Après son échec aux échéances précédentes, elle a pris soin de se former pour revenir plus forte cette année. Pélagie confie avoir mobilisé d’autres femmes pour qu’elles postulent.
« Mon parti politique m’a positionnée comme leader dans la circonscription de la Funa (Kinshasa). Le Chef était vraiment ouvert aux candidatures féminines. Il m’a laissé trouver des femmes qui se positionneront en tant que candidates, iraient battre campagne et ramener des voix aux partis. Mais, beaucoup de femmes ne se sont pas présentées spontanément. Je me suis battue pour les trouver et les convaincre à postuler. Pour les 12 sièges, j'avais réussi à atteindre 8 femmes. Lorsque le moment est venu de créer un regroupement, les choses changent. Il faut des femmes capables. Le nombre a baissé. Nous ne pourrons pas atteindre les listes paritaires. Mais je crois qu’il y aura des femmes », a-t-elle fait savoir.
Basée à Mbandaka (Equateur), une autre candidate, qui souhaite obtenir un nouveau mandat, parle pour le compte de son parti politique affilié au parti présidentiel (UDPS).
« Il y a des circonscriptions où on trouve des femmes et d’autres où les femmes sont plutôt sceptiques. Dans ma circonscription par exemple, je suis la seule candidate de mon parti (au niveau national). A Mbandaka, une femme et un homme ont été proposés. Je crois que nous sommes dans le bon. D’ailleurs, les femmes sont recherchées ici. J'ai rencontré un parti où une femme a juste été alignée malgré qu'elle ne pèse pas en termes de voix et de stratégies », dit-elle.
Si les candidates citées plus haut évoquent la difficulté des femmes à pouvoir se manifester ou la disponibilité de certains responsables de partis politiques à aligner des femmes, une autre aspirante contactée a plutôt mentionné la volonté délibérée de certains chefs de parti à offrir plus de chances aux candidatures masculines.
« Je viens de constater qu'il n'y a que 4 femmes sur les 14 sièges de mon parti pour la circonscription de Lukunga (Kinshasa) », dit avec étonnement, une candidate à la députation nationale que nous appellerons Esther.
Les présidents, stratégiquement, n'atteignent pas les femmes, poursuit-elle.
« Ils sont à la recherche de personnes capables d’apporter des voix. Les femmes sont là, elles ont des ambitions mais le président trouve opportun de les soutenir. (…) La volonté de la CENI est réelle mais il n’y aura pas de faisabilité sans contrainte. Il faut une discrimination positive. Si pour un total de 500 sièges, 150 sont mis à compétitivité féminine, on aura 150 postes sûrs qui seront occupés par les femmes. La RDC traîne alors que les pays voisins ont adopté des mécanismes de discrimination positive. Il y a des femmes compétentes mais les présidents de partis ne sont pas prêts à accepter ces compétences. J'ai participé à la composition des listes au niveau de mon parti, des listes pour les provinciales et nationales mais en dernière minute, certaines femmes se sont désistées sans aucune raison fondamentale mais par moment, c'est le conseil des choix des candidats qui décide », a-t-elle indiqué.
« Nous n'avons pas pu atteindre la parité », confie une autre candidate, qui postule pour la première fois dans la ville de Butembo (Nord-Kivu). Et d’ajouter, « Nous avons espéré être exemptés du paiement de la caution. Mais c’est difficile. On ne vise pas uniquement d’être exempté. On vise également des sièges au niveau de l’Assemblée Nationale. C'est inutile d'aligner les femmes qui ne sont pas capables de contribuer à trouver des sièges. Certaines femmes se sont manifestées mais peu d’entre elles sont des femmes capables. Il fallait en trouver qui soient capables d'aménager au moins 6.000 voix. Nous avons aussi organisé des formations avant cette étape. En fin de compte, certaines femmes ont opté au niveau municipal (élections provinciales) ».
Par ailleurs, certaines candidates ont soulevé l’hypothèse des barrières telles que les us et coutumes qui empêchent les femmes à se positionner en tant que candidates. « J'ai dû personnellement contacter les époux ou parents de certaines candidates pour que nous puissions atteindre une liste paritaire », a dit la candidate du Kasaï. D’autres ont relevé les défis liés au financement de la campagne électorale.
Prisca Lokale