Les villes de Butembo et Beni, dans la province du Nord-Kivu font face à une pénurie de carburant depuis le jeudi 3 juillet. Ce problème trouve son origine dans un désaccord entre les opérateurs économiques et la Direction générale des douanes et accises (DGDA) concernant une nouvelle réglementation sur la déclaration des produits pétroliers. Le prix à la douane serait passé de 5 000 USD à 11 000 USD. Ce que contestent les pétroliers.
Actuellement, environ 60 camions citernes en provenance d'Afrique de l'Est sont bloqués à l'entrée de Beni en raison de ce différend avec les importateurs de produits pétroliers. Cette situation a provoqué une hausse spectaculaire des prix des carburants. Par exemple, le litre d'essence, qui coûtait 3 400 francs congolais (1,21 USD), est désormais vendu entre 5 000 et 6 000 FC (2,14 USD) chez les vendeurs informels, communément appelés Kadafi. Cette augmentation a également des répercussions sur le coût des transports en commun : une course à moto, qui valait 1 000 FC (0,35 USD) atteint désormais 3 000 FC (1,07 USD).
Les opérateurs économiques du secteur pétrolier de l'espace Beni-Butembo ont suspendu les importations depuis la semaine dernière. Par cette action, ils expriment leur mécontentement face à la nouvelle structure des prix des produits pétroliers fixée par la DGDA. La mise en œuvre de cette décision a entraîné une perturbation des prix du carburant sur le marché local dans les villes de Beni et Butembo.
Les opérateurs économiques de Beni, qui ont été les premiers à faire cette annonce, mettent en avant le déséquilibre causé par cette décision gouvernementale. En revanche, Eugène Kakule Matembela, président de l'Association Congolaise des Commissionnaires Agréés en Douane (ACCAD), soutient que les opérateurs économiques ont des difficultés à s'adapter à la nouvelle restructuration des prix.
« Ce qui pose problème, c’est l’adaptation des opérateurs économiques à respecter la structure des prix. J’ai les déclarations du secteur des produits pétroliers. Nous tous, nous sommes en train de faire un effort pour sensibiliser les opérateurs économiques pour qu’ils respectent la structure des prix. La structure des prix, c’est la norme, c’est la réglementation des produits pétroliers », a-t-il fait savoir.
Cependant, Eugène Matembela assure que les déclarants du secteur pétrolier travaillent à sensibiliser les acteurs concernés au respect de cette nouvelle structure modifiée dans le système SYDONIA, qui vise à automatiser l'administration douanière afin de simplifier les formalités liées à l'importation.
« Il n’y a personne qui peut inventer son propre prix dans la douane. Elle n’est pas négociable. S’il y a des choses à revoir, on ne peut que s’adresser au gouvernement, pas aux déclarations de douane, moins encore aux douaniers. Nous, déclarants en douane et les douaniers, nous appliquons tous la structure des prix. Et nous n’avons pas d’arrangements locaux à faire ici avec les douaniers pour faire autre chose que ce qui a été publié », a-t-il ajouté.
En attendant, les prix continuent d'augmenter rapidement sur le marché local, tant à Butembo qu'à Beni. Actuellement, un litre d'essence se vend entre 3 500 et 6 000 francs congolais, selon qu'on se trouve à la pompe ou chez les petits revendeurs.
Josué Mutanava, à Goma