RDC-Rwanda : Human Right Watch appelle les Etats-unis à mettre la pression pour le respect des principes clés de l’accord de paix

Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington
Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington

Après la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, son application laisse certains observateurs perplexes. Ils estiment que bien des préalables et contraintes devaient être pris en compte pour une application certaine, notamment côté rwandais. C’est dans ce contexte que Human Right Watch appelle les Etats-Unis qui qui ont assuré la médiation pour parvenir à la signature de l’accord, à mettre la pression au point de sanctionner en cas de non-respect.

“La pression pour faire respecter les principes clés de l'accord ne viendra pas du Rwanda, où le parti au pouvoir ne tolère aucune dissidence, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières nationales. La pression doit de ce fait être exercée par les partenaires du pays. Les États-Unis devraient être prêts à imposer de nouvelles sanctions à l'encontre des responsables rwandais impliqués dans la commission d’abus et à dénoncer publiquement le gouvernement s’il contourne les dispositions clés de l'accord”, affirme Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch.

Et d’ajouter : 

“Le gouvernement de la RDC devrait également assumer ses propres responsabilités. Son soutien continu à ses milices alliées compromettra l'accord. Au cours de cette crise, nous avons également documenté la coordination et le soutien apportés par l'armée congolaise aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), dont certains combattants et commandants ont été responsables du génocide rwandais de 1994. Cela doit cesser. La RD Congo doit démanteler ce groupe, une fois pour toutes”.

Sur le plan sécuritaire, cet accord prévoit la cessation des hostilités entre les deux pays, le respect mutuel de l’intégrité territoriale, la fin du soutien aux groupes armés comme les FDLR et le M23/AFC, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de sécurité dans les 30 jours suivant la signature. Ce mécanisme s’appuie notamment sur le Plan harmonisé de neutralisation des FDLR adopté à Luanda en octobre 2024.

“Pour que la dynamique impulsée par l'administration Trump aboutissent à de réels progrès, le Rwanda doit d'abord être tenu de respecter les principes qu'il a signés en avril, notamment retirer ses troupes de la RD Congo et de faire cesser les abus du M23, qui ne doit plus être en mesure de terroriser les civils dans les villes clés. Ses attaques contre les civils doivent impérativement cesser. Le respect de ces engagements devrait être évalué par des observateurs internationaux indépendants ayant connaissance de la tendance du gouvernement rwandais au déni et à la duplicité”, ajoute le directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch.

En matière économique, l’accord ambitionne de renforcer la coopération bilatérale, notamment dans l’hydroélectricité, la gestion des ressources naturelles et la traçabilité des minerais. Il s’inscrit dans les cadres régionaux existants tels que la CIRGL, le COMESA et l’EAC, avec un soutien accru des États-Unis et du Qatar, partenaires diplomatiques impliqués dans les discussions. Washington et Doha entendent ainsi harmoniser leurs efforts pour stabiliser durablement la région des Grands Lacs.

“En l’absence d’une cessation de ce conflit, les investissements étrangers, les opérations minières et les autres acteurs cherchant à bénéficier de l'accord sur les minerais risquent d’être exposés à la violence, à l'absence d'état de droit et à l'injustice persistante”, souligne Lewis Mudge.

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, vendredi 27 juin à Washington, un accord de paix présenté comme historique. Paraphé par les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner pour la RDC et Olivier Nduhungirehe pour le Rwanda, cet accord a été conclu sous l’égide des États-Unis, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Il s’agit de l’aboutissement d’un processus diplomatique engagé depuis plusieurs mois pour apaiser les tensions persistantes dans l’Est de la RDC.

Le Rwanda soutient depuis des années le M23, contribuant ainsi à la violence et à l'instabilité dans la région. La récente incursion de ce groupe armé, qui se poursuit actuellement, est particulièrement violente, avec des exactions généralisées telles que des exécutions sommaires, des bombardements de camps de déplacés et le recrutement forcé d'enfants. Les affrontements entre le M23 et les forces congolaises, survenus plus tôt cette année, ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes et aggravé une crise humanitaire déjà persistante.

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Kuzamba Mbuangu