RDC-Rwanda : pour Human Right Watch, l’accord ne s’attaque pas à l’impunité, facteur pourtant clé des conflits dans la région

Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington
Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, vendredi 27 juin à Washington, un accord de paix présenté comme historique. Il s’agit de l’aboutissement d’un processus diplomatique engagé depuis plusieurs mois pour apaiser les tensions persistantes dans l’Est de la RDC.

Au sujet des priorités dudit accord, l’ONG internationale Human Right Watch (HRW) estime que la reddition des comptes pour les violations des droits humains commises par toutes les parties devrait aussi figurer au premier plan des discussions de peur de ne pas trouver la paix après cet accord.

“L’accord s'aligne directement sur les intérêts stratégiques des États-Unis, et est en adéquation avec la tendance du président Donald Trump à privilégier une politique étrangère transactionnelle. Si les avantages offerts à la RD Congo d’une part, pour ses minerais, et au Rwanda de l’autre, en tant que plateforme potentielle de transformation des minerais, peuvent amener les deux pays à la table des négociations, mon expérience dans la région m'a appris qu'une paix durable ne peut être instaurée que si la reddition des comptes pour les violations des droits humains commises par toutes les parties figure au premier plan des discussions”, indique Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch.

Aussi, ajoute-t-il, l’accord manque de s’attaquer sur l’impunité dans la région, facteur décisif pour une paix durable.

“Toutefois, si cet accord offre l'occasion la plus concrète depuis des années de mettre fin aux exactions commises contre les civils dans l'est de la RD Congo, il ne s’attaque malheureusement pas à l'impunité, un facteur pourtant clé des conflits dans la région. Sa bonne mise en œuvre sera toutefois fonction de la surveillance continue du gouvernement américain et du soutien du Congrès”, affirme Lewis Mudge.

Et d’ajouter : 

“De graves abus ont été commis par le groupe rebelle M23, qui contrôle des zones clés de l'est de la RD Congo, et par les forces gouvernementales rwandaises qui le soutiennent. De son côté, le gouvernement congolais devrait aussi rendre des comptes pour les exactions commises par ses propres troupes et les milices qui lui sont alliées”.

Cet accord comporte deux volets principaux : sécuritaire et économique. Sur le plan sécuritaire, il prévoit la cessation des hostilités entre les deux pays, le respect mutuel de l’intégrité territoriale, la fin du soutien aux groupes armés comme les FDLR et le M23/AFC, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de sécurité dans les 30 jours suivant la signature. Ce mécanisme s’appuie notamment sur le Plan harmonisé de neutralisation des FDLR adopté à Luanda en octobre 2024.

En matière économique, l’accord ambitionne de renforcer la coopération bilatérale, notamment dans l’hydroélectricité, la gestion des ressources naturelles et la traçabilité des minerais. Il s’inscrit dans les cadres régionaux existants tels que la CIRGL, le COMESA et l’EAC, avec un soutien accru des États-Unis et du Qatar, partenaires diplomatiques impliqués dans les discussions. Washington et Doha entendent ainsi harmoniser leurs efforts pour stabiliser durablement la région des Grands Lacs.

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Kuzamba Mbuangu