Le monde a célébré, le 19 juin, la journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. A cette occasion, Mamy Kahambu Kitsa, coordinatrice du mouvement des Survivantes des Violences sexuelles au Nord-Kivu revient sur les efforts déployés par le gouvernement congolais dans cette lutte.
« Je tiens à rappeler à l'opinion internationale et nationale que jusqu'à présent, les corps des femmes vivant dans la partie Est de la RDC continuent à être utilisés comme ‘’arme de guerre’’. Nous sommes violées même en présence des membres de nos familles et cela depuis presque trois décennies. Les auteurs sont connus mais impunis. Jusqu'à quand cette souffrance ? Il n’y a pas de paix sans justice et réparation des préjudices », rappelle celle qui est également membre de la Synergie des femmes pour les victimes de violences sexuelles (SFVS).
En effet, la date du 19 juin a été choisie par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2015 pour commémorer l'adoption décisive, le 19 juin 2008, de la résolution S/RES/1820(2008), dans laquelle le Conseil de sécurité a condamné l'utilisation de la violence sexuelle ‘’comme une arme de guerre pouvant faire obstacle à la consolidation de la paix’’.
Au cours des dix dernières années, la République Démocratique du Congo a accompli des progrès dans la lutte contre les violences sexuelles. Mme Kahambu en cite quelques-unes et rappelle la nécessité d’accélérer les efforts et d’investir dans la réparation en faveur des victimes.
« Nous remercions le gouvernement congolais qui s'est impliqué dans la lutte contre les violences sexuelles en mettant en place la loi sur les violences sexuelles (confère Loi n° 06/019 du 20 juillet 2006), la loi sur la réparation des survivant.e.s (cfr Loi N°22/065 du 26 décembre 2022) ainsi que d'autres initiatives telles que la campagne tolérance zéro immédiate à l'égard des crimes des violences sexuelles, la mise en place d’une unité de police spécialisée en matière des viols(…) », a-t-elle cité.
Malgré ces efforts, poursuit-elle, « les défis à relever sont énormes: l'impunité des auteurs, beaucoup des jugements ne sont pas exécutés, pas de mesures de protection des victimes et témoins des violences sexuelles, pas de structures sanitaires pour la prise en charge holistique des victimes, pas de garanties de la non répétition, c’est-à-dire qu’une seule femme peut subir des violences sexuelles à maintes reprises ».
Sanctionner, Assurer une prise en charge et impliquer
Par ailleurs, Mamy Kahambu suggère, « pour que la volonté du gouvernement congolais soit une réalité palpable, des sanctions au niveau national, régional et international, visant tous les auteurs des violences sexuelles, car ils sont bien connus, les uns sont bien cités dans le rapport Mapping, à cela s'ajoute les M23 et le Rwanda. Mettre en place des structures sanitaires pour la prise en charge holistique des victimes, instaurer une paix durable à l'Est de la RDC comme garantie de non répétition, impliquer les survivant.e.s dans toutes initiatives visant à les protéger ».
Il faut rappeler que pour répondre aux groupes terroristes qui se servent désormais de la traite et des violences sexuelles comme arme de terreur et source de revenus, le Conseil de sécurité a adopté la résolution S/RES/2331(2016), par laquelle il engage les États Membres à prendre des mesures décisives et immédiates pour prévenir et réprimer la traite des êtres humains et les violences sexuelles, notamment dans le cadre des conflits armés.
La résolution souligne que la traite d'êtres humains en temps de conflit armé et les violences sexuelles et sexistes commises en période de conflit peuvent s'inscrire parmi les objectifs stratégiques et dans l'idéologie de certains groupes terroristes. De tels actes peuvent devenir une tactique pour ceux-ci et un instrument servant à alimenter leurs coffres et à conforter leur pouvoir en facilitant l’enrôlement et la destruction de communautés.
Prisca Lokale