Arrangement particulier ou convention de la majorité: le Palais du peuple au cœur d'une polémique (Papier d'angle)

La signature de l'accord de la Saint Sylvestre a fait applaudir plusieurs. Une réussite certes quand on se souvient du décor dans lequel il s'est négocié. Déjà pour qu'il vive, il a dû passer l'épreuve de feu dans la fournaise de ce que l'on a nommé "inclusivité". Mais jusque là, ce n'était que de l'échauffement, comparé à ce qui devait s'en suivre.

Enthousiasmés par l'issue heureuse qu'était la signature in extremis de l'accord, les Évêques de la CENCO s'empressent, à raison, de convoquer les parties prenantes pour entamer les discussions, cette fois sur l'arrangement particulier, annexe pratique devant contenir les modalités de l'application de certaines closes de l'accord.

En ce moment là, personne - du moins pas la CENCO - ne pouvait se douter un seul instant que les choses accouraient à l'enlisement total. Un trimestre entier va s'écouler sur les mêmes crédos: "3 noms" pour les uns et "1 seul nom" pour les autres.

Seulement, il fallait peut-être s'en douter, on aurait jamais imaginé le scénario quasi catastrophe auquel on allait assister. La CENCO jette l'éponge, écrasée par le poids d'une classe politique aux visées des plus incongrues. Mais lorsque la même CENCO remet le bâton de commandement à Joseph Kabila, elle ne devait sûrement pas, selon certains observateurs, se douter que ça faisait le lit d'une certaine opinion visiblement vouée à faire prendre un autre cap au navire dialogue.

 

<strong>Quand le parlement s'en </strong><span style="text-align: inherit;"><b>mêle</b></span>

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Dans son discours sur l'état de la Nation le 5 avril dernier, Joseph Kabila avait laissé entendre qu'il nommait un premier et confiait les autres questions au parlement. Ce qui s'est passé cette semaine s'inscrit évidemment dans cette logique.

<em>"Minaku et Kengo n’ont pas qualité de faire signer l’arrangement particulier"</em> (<strong>Matin Fayulu</strong>, membre du Rassemblement)

À l'annonce quasi à la hâte de la signature de l'arrangement particulier au parlement, les réactions ont fusé de partout. Pour le Rassemblement, il s'agit ni plus ni moins d'une forfaiture.

Les choses se seraient bien passées sans ce qui s'est apparenté à un boycott de la CENCO. Même ceux qui ont soutenu l'initiative des présidents des deux chambres - ils ont agi au nom du Chef de l'Etat - n'ont pas pu cacher leur gêne quant à l'absence des personnalités importantes du processus.

Un couronnement tout de même pour la MP. Là bas, on croit dur comme fer que l'initiative de Joseph Kabila est noble.

<em>"C’est une initiative du président de la République. Le président a consulté toutes les composantes qui avaient souhaité pouvoir participer à  la consultations. Il a pris un certain nombre de conclusions qu’il a intégrées dans l’Arrangement particulier et on va formaliser tout ça pour que les choses puissent être complètes"</em> (<strong>Lambert Mende</strong>, porte-parole du gouvernement)

<strong>Une convention de la MP et alliés?</strong>

<em>"Ceux qui n’ont pas signé ont opté pour l’opposition. Et le droit de l’opposition est sacré dans notre pays. Etant donné que le Premier ministre est issu du Rassemblement aile Kasavubu, nous sommes membres du gouvernement, donc de la majorité parlementaire élargie et non de la MP"</em> (<strong>Lumeya Dumaleghi</strong>, partisan de l'aile Olenghankoy)

L'arrangement particulier est une annexe à l'accord qui ne peut lui voler ni son esprit ni sa lettre. À défaut de remettre en cause certaines closes de l'accord, l'arrangement particulier ne peut de manière autonome s'émanciper.

Les 32 signataires de l'accord de la Saint Sylvestre ont consacré à l'arrangement particulier l'aspect pratique qui n'est ni réglementaire ni imposable, mais plutôt un caractère de facilitation.

Pour les analystes politiques, si ce sont uniquement ceux qui ont signé au Palais du peuple qui vont participer à la gestion de l'affaire publique, il y a lieu de conclure en une convention. Dans son esprit, l'arrangement particulier est censé concerner l'ensemble des signataires de l'accord. L'aspect consensuelle ne peut être annihiler sans porter un grave préjudice à l'accord lui-même.

<em>"Ce qui s’est passé ce sont la majorité de Mr Kabila et leurs alliés qui ont procédé à une convention, c’est une convention entre eux. C’est la configuration de ce qui était au camp Tshasthi, ils se sont retrouvés, ils ont signé un document qui n’engagent pas le Rassemblement"</em> (<strong>Peter Kazadi</strong>, conseiller juridique du feu Étienne Tshisekedi).

L'épisode du Palais du peuple aurait pu être couronné d'un grand succès si les deux présidents du parlement avaient ensemble approché les différentes parties prenantes pour expliquer la dénature de la démarche. Un rendez-vous manqué.

Dans l'état, l'arrangement particulier concerne un groupe de personnes et ne risque que de les engager, eux. Tant mieux si au bout, les élections attendues s'organisent. Avant qu'on y arrive, la crise politique s'en trouve plus profonde que jamais.

La MP a opté de composer avec ceux qui ont accepté d'aller avec elle. Alliés donc? Convention des Alliés donc? Il sied de conclure que l'arrangement particulier du Palais du peuple gardera un goût plus que jamais particulier.

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<strong>Jacques Kini</strong>