Marche du 10 avril : Quand le Rassemblement pro-Felix Tshisekedi fait chou blanc – (Papier d’angle)

C’était décidé. Le Rassemblement restructuré s’était montré plus que déterminé à en finir avec les embûches qui, selon son point de vue, freinent la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016. Le lundi 10 avril 2017 était  donc retenu comme une date décisive pour passer à l’action. Et le mot d’ordre n’était qu’un : descendre dans la rue pour revendiquer l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre « comme il se doit ».

Cette journée cruciale pour l’opposition conduite par Félix Tshisekedi avait évidemment commencé avec une atmosphère propre à un champ de bataille entre manifestation et répression. D’un côté les forces de l’ordre se sont montrées prêtes à affronter la marche annoncée. De l’autre côté la population a observé l'air inquiet ce qui devait être un énième face-à-face entre manifestants et policiers. Sans oublier que les yeux du monde entier étaient également rivés sur ce rendez-vous à travers lequel le Rassemblement pro Felix Tshisekedi était censé prouver sa capacité de mobiliser après le décès de son leader Etienne Tshisekedi.

Seulement, face à une impressionnante présence militaire déployée notamment dans plusieurs points chauds de la ville de Kinshasa, les initiateurs de ladite marche ont dû battre en retraite,  justifiant ce recul par le souci de protéger la population contre la brutalité policière. «On n’a pas voulu livrer notre population aux carnassiers », a dit Martin Fayulu. Du pain béni pour le pouvoir qui a célébré « un échec cuisant ».

<strong>Une marche qui a échoué d'avance</strong>

Annoncée depuis le 28 mars 2017 après l’échec des discussions sur l’arrangement particulier, la marche  du 10 Avril devait ouvrir une série de manifestations, mais n’avait pas été approuvée à l’unanimité.

Une grande partie de partisans de l’UDPS, entre autres, avait grincé des dents à l’idée de descendre dans la rue 13 jours après la non-signature de l’arrangement particulier. Des analyses ont également prouvé en effet que cette série des manifestations aurait eu de l’impact si elle avait  suivi de manière spontanée l’échec de l’arrangement particulier 27 mars d'autant que la frustration était à son comble. Les esprits auraient été beaucoup plus motivés.

Le mauvais calcul des enjeux de l’heure, comme l’estiment beaucoup de gens, a donc négativement influé sur la tenue de cette marche. Ajouter à cela le fatal changement de stratégie annoncé à la dernière minute par l’opposition initiatrice.

Possible erreur d'appréciation! Dans certaines villes du pays, quelques manifestants, sans avoir été informés du changement,  avaient déjà bravé la peur de la répression en descendant dans les rues au prix des arrestations musclées. Le repli stratégique de la dernière minute n’aura que démotivé le groupe dans son ensemble et a eu un résultat contraire à ce qui était prévu : Kinshasa a plutôt observé une ville morte au lieu d’une marche.

Même si l’opposition n’admet pas avoir échoué dans sa démarche, ce qui est sûr c’est que l’objectif principal de cette marche, doit-on se rappeler, qui était de déposer un mémorandum au palais de la nation n’a pas été atteint. Néanmoins, le Rassemblement initiateur de la marche n’a pas  tort de crier victoire non plus après avoir ralenti certaines villes bien que cela n’ait pas été l’objectif visé. “A défaut de la lune, on se contente des étoiles”, dit-on !

<a href="http://www.twitter.com/cleasN"><strong>Will Cleas Nlemvo</strong></a>