Patrick Kanga (PPRD) : « Nous ne nous sentons pas concernés par ce message de Monsengwo » - Interview

Président de la Ligue des jeunes du PPRD, Patrick Kanga revient au micro de ACTUALITE.CD pour parler de l’accord politique dont la signature est prévue ce vendredi 30 décembre 2016. Il donne également son avis sur l’homélie du Cardinal Mosengwo partagé le 25 décembre dernier dans plusieurs paroisses congolaises.

<strong>Espérez-vous un accord la 30 décembre 2016 ?</strong>

Au PPRD on se dit qu’il y a déjà un accord qui existe. Et cet accord a été signé à la Cité de l’Union africaine. Un accord qui a satisfait plusieurs acteurs politiques, de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile. Une partie de l’Opposition dont le Rassemblement n’a pas été partie prenante de ces travaux qui ont été faits à la cité de l’Union africaine. Alors ce qui se passe à la CENCO, c’est par rapport à cela. Cela consiste à voir les propositions additives qui peuvent provenir du Rassemblement pour que nous ayons un consensus plus élargi sur l’entendement électoral. Il s’agit là d’une problématique électorale et non d’une problématique institutionnelle.

<strong>Est-ce que Joseph Kabila pourra signer cet accord ?</strong>

Joseph Kabila n’est pas partie prenante qui prend part à ces discussions de la CENCO. Il est président de la République. Il a donc des prérogatives constitutionnelles qui lui sont dévolues. Et c’est au regard de ces prérogatives qu’il en appelle les protagonistes, la Majorité, l’Opposition et la Société civile à discuter pour dégager un consensus le plus confortable possible pour nous emmener aux élections.

<strong>Donc ça veut dire que vous ne vous préparez pas à un troisième mandat de Kabila mais plutôt aux élections ?</strong>

Nous nous préparions aux élections depuis très longtemps. Le président de la République entant qu’institution avait lui-même dit que le sort de toutes les institutions est scellé par la Constitution. Et il respectera la Constitution. Nous n’avons aucun projet visant à réviser la Constitution. Donc tous ces genres de rumeurs n’étaient que de procès d’intention.

<strong>Respecter la Constitution avec un autre candidat que Joseph Kabila ?</strong>

Nous allons respecter la Constitution. Aujourd’hui parler d’un autre candidat c’est encore actif parce que même à l’Opposition nous ne savons pas encore qui sera candidat. Il y a plusieurs acteurs politiques qui se disent être candidats aux élections, il y en a qui se sont même faits adouber par une frange minoritaire du Rassemblement comme candidat à la présidentielle mais on voit là que rien n’a pas encore était fait.

<strong>Vous attendez le moment opportun pour se décider ?</strong>

Au moment venu, toutes les formations politiques diront quels seront leurs candidats comme conseillers municipaux, comme conseillers urbains, comme députés provinciaux. Nous nous préparons à toutes les élections.

<strong>Comment avez-vous trouvé l’homélie du Cardinal qui a fustigé le fait de recourir à la force pour conserver le pouvoir ?</strong>

C’est un message mi-figue mi-raisin ! Je ne sais pas si c’est un message évangélique ou un message politique. Mais nous ne sentons pas concernés par ce message d’autant plus que les institutions de la troisième République tel que ça se présente aujourd’hui sont des institutions qui sont tributaires de la volonté populaire. Le Président Kabila est là par la volonté du peuple. Pas par la volonté des armes. Il est président de la République parce que la Constitution qui nous régit actuellement prévoit qu’il en soit ainsi. Ce ne sont pas les armes qui le maintiennent au pouvoir. Et au moment venu nous de la Majorité nous allons nous déployer pour rester au pouvoir à travers les élections. Parce que nous avons un programme. Nous avons un bilan que nous allons présenter au peuple parce qu’ne face de nous, il n’y a que des bruits, il y a des phrases, des refrains et des incantations. Mais il n’y a pas de programme. Quel est le programme du Rassemblement ? C’est « bye-bye Joseph Kabila » et après ? Nous allons nous maintenir au programme à travers un programme si le peuple nous l’accorde lors des élections. Nous n’avons jamais utilisé les armes pour se maintenir au pouvoir. Le message du cardinal est peut-être plus indiqué à ceux qui veulent accéder au pouvoir par l’insurrection, par la violence. Ce message est adressé à ceux qui formatent matin, midi, soir des mécanismes violents et inconstitutionnels pour remplacer le président Joseph Kabila. Ça ne s’adresse pas à nous puisque nous sommes démocrates.

<strong>Mais sentez-vous néanmoins concernés par l’extrait de cette homélie qui dénonce le fait de « tuer la population » vu que le 19 et 20 décembre derniers il y avait eu mort d’hommes ?</strong>

La Majorité n’a pas d’armes. La Majorité est civile. Les armes que nous avons ce sont les arguments. Il ne faut pas considérer la Majorité et le PPRD entant que faits privés, et les forces de l’ordre font leur travail au regard du contexte et des circonstances. Et là pour ces questions, il faut plus s’adressait au porte-parole de la police ou forces de sécurités et leur demander dans quel contexte ils étaient ? Nous avons vu des gens instrumentalisés prendre les armes à feu et vandaliser les commissariats. Pensez-vous qu’aux Etats-Unis on peut s’attaquer à un policier sans s’exposer au danger ? Lorsqu’en s’attaque à des personnes armées pour sécuriser le bien public, on s’expose au danger. Nous déplorons qu’il y ait eu des pertes en vies humaines. Mais cela est tributaire de la responsabilité des Opposants.

<strong>Selon vous c’est quoi l’objectif du message du cardinal ?</strong>

Je ne sais pas ! Il faut lui poser la question. Mais je pense que l’église catholique ne doit pas tabler dans les insinuations et être au-dessus de la mêlé. Elle est en train de faire la médiation entre les acteurs politiques congolais. Et c’est ça le rôle de l’église catholique, c’est-à-dire de promouvoir la paix sans stimuler d’une certaine manière la division dans la société.

<strong>Ne pensez-vous pas que Monsengwo prend le courage de dire ce que les autres pasteurs ne disent pas ?</strong>

Je ne suis pas là pour faire une sclérose sur la personne du cardinal Mosengwo que je respecte énormément. Mais le rôle de l’église c’est de veiller à ce que nous soyons dans la paix. Elle doit porter des messages de paix et d’amour.

Interview réalisée par <strong>Rachel Kitsita</strong>