A Xinjiang, l’industrialisation fulgurante, inclusive et tournée vers la technologie s’impose comme une tout autre réalité que celle répandue en occident. Entre textile de luxe, construction mécanique, énergie high-tech et agro-industrie automatisée, la province est devenue un laboratoire du développement à la chinoise. Une expérience dont la République démocratique du Congo pourrait s’inspirer.
La première étape, c’est l’usine Tianshan Wool Tex à Urumqi, fondée en 1981 qui est pionnière dans la transformation complète de la laine, de l’élevage à la confection. Ici, rien n’est laissé au hasard : élevage des chèvres cachemire, tannage, lavage et couture sont intégrés dans un même cycle industriel.
L’entreprise collabore étroitement avec les universités locales pour améliorer en continu ses procédés de production. Résultat, des produits haut de gamme – manteaux, écharpes, sacs et draperies – qui rivalisent avec les grandes marques européennes. La Chine et la Mongolie sont aujourd’hui les principaux centres mondiaux du cachemire, selon Wikipédia.
La deuxième visite conduit à Saurer, un groupe textile d’origine suisse installé en Chine depuis 1978. Spécialisée dans la production du coton, l’usine d’Urumqi mise désormais sur la digitalisation de toute la chaîne de production. L’intelligence artificielle y joue un rôle central, de la transformation des fibres jusqu’à la conception des tissus.
Le coton provient de Xinjiang, garantissant une production locale à haute valeur ajoutée. Tesla figure parmi ses clients majeurs. Saurer ambitionne une digitalisation complète à l’horizon 2035 pour conserver son leadership mondial, en partenariat étroit avec sa maison mère.

À la China Railway Construction Corporation (CRHC), place aux engins lourds. Fondée en 2015, cette entreprise figure parmi les 500 plus grandes du monde. Elle fabrique des machines adaptées à l’agriculture mécanisée, à la construction et aux travaux de creusement de tunnels. Sur un site de 50 000 m², une impressionnante gamme d’engins est alignée, fruit d’une ingénierie qui ne craint ni les montagnes ni les eaux.
À Kashi, le visiteur est accueilli par de vastes champs de riz irrigués grâce à une technologie de pointe. La société Kashi Galélé Modern Agriculture Co. Ltd travaille avec des universités pour renforcer la productivité par la recherche.
Particularité du site : l’utilisation d’eau salée dans l’irrigation, un exploit scientifique pour une région aride. Les drones remplacent les semeurs traditionnels, permettant d’ensemencer plusieurs hectares en vingt minutes. Les récoltes, désormais automatisées, atteignent 800 kg pour 600 m².
Les terres appartiennent majoritairement aux communautés locales, dont 80 % de Ouïgours. Grâce à la robotisation, elles bénéficient à la fois de revenus salariaux et de dividendes tirés de l’exploitation de leurs terres.
Toujours à Xinjiang, l’entreprise Yili Yimuxin Dairy Co. Ltd illustre l’intégration de la recherche dans la filière laitière. Dans un climat frais propice à la production, quatre fermes fournissent yaourts, jus et même bière à base de lait. L’entreprise exploite aussi la lavande, le miel et les huiles essentielles. Chaque étape de production est supervisée scientifiquement pour garantir la qualité.
À une soixantaine de kilomètres d’Urumqi, Juge New Energy Science and Tech Co. Ltd produit des batteries au lithium et des panneaux solaires destinés aux véhicules électriques, drones et motos. Les réserves chinoises de lithium, estimées à 490 millions de tonnes, placent le pays au deuxième rang mondial.
Les usines de Xinjiang intègrent un contrôle électronique total et une cellule scientifique chargée de la surveillance en continu. La durée de vie des panneaux solaires atteint dix ans, avec des performances stables en toutes conditions climatiques.
À l’exception de Tianshan Wool Tex, toutes les usines sont situées en périphérie, au cœur d’un couvert végétal alliant béton, verdure et bassins d’eau. L’aménagement industriel se fond dans le paysage, créant des « villes du futur » où cohabitent modernité et respect de la nature.