Alors que Kinshasa s’y oppose fermement, la rébellion de l’AFC/M23 tente de réorganiser l’appareil judiciaire dans les zones qu’elle contrôle. L’AFC/M23 qui a mis en place depuis quelques mois une « commission de relance de la justice (CRJ), a annoncé ce lundi 3 novembre, l’intégration de 378 nouveaux magistrats dans son système judiciaire, parallèle désormais à celui du gouvernement.
Cette intégration fait suite au test d’évaluation organisé le 14 septembre 2025 à Goma. D’après le procès-verbal signé par le panel de dépouillement, de correction et de cotation, la sélection s’est déroulée dans le respect des critères d’objectivité. Les copies ont été corrigées de manière anonyme, les noms des candidats étant dissimulés afin de garantir l’équité et l’impartialité du processus, selon le mouvement rebelle.
Sur les 475 dossiers déposés, 465 ont été jugés éligibles pour participer à l’évaluation. Au total, 378 candidats ont été retenus, dont 18 femmes (4,8 %) et 360 hommes (95,2 %), un chiffre qui met en lumière la faible représentation féminine dans le corps judiciaire de la rébellion.
Le Secrétaire permanent adjoint de l’AFC/M23, Delion Kimbulungu, a procédé à la lecture officielle de la liste des lauréats en présence de plusieurs cadres du mouvement, d’enseignants de l’Université de Goma et de représentants de la société civile.
Deux grandes valves d’affichage ont été installées dans l’enceinte de la CRJ à Goma, où figurent désormais les noms des 378 nouveaux magistrats. Il s’agit d’« une étape décisive dans la reconstruction d’une justice crédible, professionnelle et proche du peuple », estime la rébellion.
Selon des sources proches de la direction de l’AFC/M23, la haute hiérarchie du mouvement procédera dans les prochains jours à la nomination des hauts magistrats, suivie de l’affectation des juges dans les différentes juridictions de l’ordre judiciaire.
Parallèlement, plus de 200 nouveaux avocats ont prêté serment le vendredi 31 octobre 2025 à Beni, chef-lieu provisoire de la province du Nord-Kivu. Les avocats plus anciens ont, à cette occasion, renouvelé leur serment.
Cette cérémonie, initialement prévue pour le 22 février dernier à Goma, avait été reportée à la suite de la prise de la ville par les rebelles de l’AFC/M23 fin janvier 2025.
Face à ces initiatives, les autorités congolaises avaient annoncé l’annulation de tous les actes judiciaires pris par la rébellion de l’AFC/M23 dans les zones sous son contrôle.
Le président de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature, Dieudonné Kamuleta avait rappelé, dans un communiqué publié le 12 septembre 2025, que la Constitution et les lois organiques de la République démocratique du Congo confèrent exclusivement au Conseil supérieur de la magistrature le pouvoir de recruter et de gérer les magistrats sur l’ensemble du territoire national. Toute tentative parallèle est donc, selon lui, « nulle et de nul effet ».
De son côté, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, avait annoncé la signature prochaine d’une ordonnance annulant toutes les décisions judiciaires prises par les dirigeants de l’AFC/M23, qu’il accuse de ne jurer que par l’amnistie.
Josué Mutanava, à Goma