Industrie chinoise : immersion dans les usines de laine, de coton et de mécanique du Xinjiang

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Usine de laine Tianshan

Une journée placée sous le signe de l’industrie et de la technologie. Au programme : la visite de trois sites emblématiques du développement industriel chinois — Tianshan Wool Tex, Saurer Textile et China Railway Construction Corporation (CRHC) — en marge d’une conférence scientifique consacrée au phénomène des minorités dans la province du Xinjiang. Située à 3 268 kilomètres de Shanghai, soit un peu plus de quatre heures de vol, la capitale régionale d’Umuriq a accueilli plusieurs délégations venues découvrir le visage industriel de cette région stratégique au cœur de la politique économique chinoise.

Première étape, l’usine Tianshan Wool Tex, symbole d’une industrie textile qui a su s’imposer à l’international. Fondé en 1981, le groupe est devenu le leader chinois dans la fabrication industrielle de la laine. Son modèle : une chaîne de production intégrée qui va de l’élevage des moutons, boucs et chèvres, jusqu’au tannage, lavage et confection des produits finis.

Spécialisée dans la transformation de la fourrure animale en fibres textiles, l’entreprise revendique aujourd’hui une reconnaissance mondiale. Selon Wikipédia, « c’est en Chine et en Mongolie qu’il faut aller pour trouver les principaux centres de production du cachemire ». Une matière fine, douce et légère, souvent réservée à la confection de vêtements haut de gamme.

Le groupe, tourné vers l’innovation, collabore étroitement avec plusieurs universités chinoises pour intégrer les nouvelles technologies à ses procédés. Dans ses ateliers, manteaux, pantalons, polos, foulards et draperies sortent chaque jour d’un circuit de production mêlant tradition et modernité.

Deuxième visite : Saurer Textile, une usine implantée en Chine depuis 1978, mais née en Suisse en 1853. Spécialisée dans la production de fibres de coton, l’entreprise mise désormais sur la digitalisation et l’intelligence artificielle pour moderniser toute sa chaîne de production.

Ses quatre centres de recherche, installés en Allemagne et en Chine, orientent la stratégie globale du groupe vers une production intelligente, automatisée et éco-efficace. Le coton, majoritairement issu de la province du Xinjiang, reste au cœur du processus. Saurer a adopté la technique japonaise dite « tourbillonnaire », un procédé innovant de filature, preuve de sa capacité d’adaptation.

Parmi ses clients : des géants de l’industrie mondiale, dont Tesla. L’objectif affiché du groupe est une digitalisation complète à l’horizon 2035 et le maintien de son leadership mondial en matière de textile de haute précision.

Dernière étape, l’usine CRHC (China Railway Construction Corporation), un géant du secteur mécanique fondé en 2015 et classé parmi les 500 plus grandes entreprises du monde. Sur une superficie de 50.000 m², l’entreprise fabrique une large gamme d’engins : machines agricoles, équipements pour l’ensemencement, la récolte, l’emballage, mais aussi engins de creusement de tunnels et d’infrastructures ferroviaires.

CRHC illustre la polyvalence de l’industrie chinoise allant du champ agricole au sous-sol, elle symbolise la maîtrise technologique au service du développement.

Entre tradition et modernité : la Route de la soie en toile de fond

Ces trois complexes industriels ont un point commun : la nature et le béton s’y côtoient harmonieusement. Implantées en ville ou en périphérie, les unités visitées reflètent une vision moderne de l’industrie, soucieuse de durabilité et d’environnement.

Leur symbolique renvoie à la Route de la soie, ce vaste projet d’infrastructures lancé par Pékin sous l’impulsion de Xi Jinping.

Dans son ouvrage « Nouvelles routes de la soie, Belt and Road Initiative (BRI) », la chercheuse Nashidil Rouiaï rappelle que cette initiative « concerne plus de 68 pays, 4,4 milliards d’habitants et près de 40 % du PIB mondial ». Elle souligne qu’il s’agit d’« un projet central dans la politique économique chinoise » visant à « créer une nouvelle génération de comptoirs transnationaux », incluant également les espaces africains riverains de l’océan Indien.

Les visites industrielles se poursuivront tout au long de la semaine, avec d’autres complexes à découvrir. De la laine au coton, du textile à la mécanique, le Xinjiang s’affiche comme un laboratoire du développement industriel chinois, au carrefour de la tradition manufacturière et de l’innovation technologique.