Affaire Sarah Ebabi : Grace Shako dénonce une sanction disproportionnée et appelle à une justice plus humaine

Sarah Ebabi
L’adjudante Sarah Ebabi

Condamnée à douze mois de servitude pénale avec sursis pour la diffusion de photos en uniforme sur les réseaux sociaux, l’adjudante Sarah Ebabi Bongoma Koli devient, malgré elle, le symbole d’un débat sur la place des femmes dans l’armée et les limites de la discipline militaire.

La militante féministe Grace Shako a réagi, dénonçant la sévérité du traitement infligé à la jeune militaire.

« Dix ans de servitude pénale, c’est de trop », a-t-elle écrit, en référence à la peine initialement requise par le parquet militaire avant que le tribunal ne retienne une condamnation assortie de sursis. « Sarah n’a pas trahi la Nation, ni mis en péril la sécurité du pays. C’est une faute disciplinaire, pas un crime. Oui, une sanction doit exister, mais une sanction juste, qui corrige sans détruire. »

Par ces mots, Grace Shako a résumé le sentiment d’une grande partie de l’opinion publique, choquée par la sévérité de la répression envisagée à l’encontre d’une femme dont la seule faute aurait été d’être filmée dans un moment privé.

La militante poursuit : « Nous devons arrêter de juger les femmes sur leur vie privée ou leur apparence, et plutôt sur leur sérieux et leur compétence. » Elle dénonce le deux poids deux mesures au sein des institutions : « Certains hommes commettent des écarts sans jamais subir le même déchaînement public. » 

Pour elle, cette affaire traduit une crispation persistante autour de la présence féminine dans les corps en uniforme : « Nous encourageons les femmes à intégrer les forces de sécurité, mais si elles sentent qu’elles risquent d’être harcelées, injustement poursuivies ou exposées au sexisme, alors cette campagne d’inclusion devient nulle et de nul effet. »

Dans une note plus personnelle, Grace Shako plaide pour la clémence : « Par humanisme et bon sens, laissons Sarah se marier. Et que la justice, dans sa rigueur, reste aussi équitable et humaine. » Elle conclut : « La justice sans humanité devient injustice. » Une phrase devenue virale, reprise par de nombreux internautes pour exprimer leur solidarité envers l’adjudante.

L’adjudante Sarah Ebabi, membre des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) depuis plus de dix ans, a été jugée pour violation des consignes. Le tribunal militaire de Kinshasa-Gombe lui reprochait la diffusion de vidéos la montrant en uniforme militaire aux côtés de son fiancé, publiées sur TikTok à la veille de leur mariage civil. Une directive du chef d’état-major général, datée du 23 décembre 2021, interdit pourtant aux militaires de publier des contenus en uniforme sans autorisation hiérarchique.
L’accusation avait requis dix ans de servitude pénale, estimant que l’acte portait atteinte à l’image de l’armée. La défense a plaidé la bonne foi, affirmant que les images avaient été diffusées par le photographe, sans son consentement. Le tribunal a finalement retenu une condamnation à douze mois de servitude pénale avec sursis, reconnaissant la faute disciplinaire sans privation de liberté.

Le rappel des faits

Le 19 octobre 2025, Sarah Ebabi s’était rendue dans un studio photo de Matonge, à Kinshasa, pour une séance en vue de son mariage. Vêtue de sa tenue de gala, elle posait avec son futur époux. Les clichés, d’abord privés, se sont rapidement retrouvés en ligne, provoquant un emballement sur les réseaux sociaux et la réaction immédiate de la hiérarchie militaire. Poursuivie en flagrance, l’adjudante a comparu le 27 octobre, avant que le verdict ne soit rendu le 29.
Pour de nombreuses voix, cette affaire met en lumière la difficulté de concilier la discipline militaire et la dignité humaine, surtout dans une époque où la frontière entre vie privée et exposition numérique s’efface.