Déplacés de Rutshuru au Nord-Kivu
La Commission européenne a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 9 millions d’euros en faveur de la République démocratique du Congo (RDC) afin de répondre à la gravité de la crise humanitaire que traverse le pays. Selon un communiqué rendu public ce lundi 3 novembre 2025, cet engagement intervient alors que Kaja Kallas, Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, participait à la Conférence de Paris sur la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs.
Les conflits persistants dans l’est de la RDC ont considérablement aggravé la situation humanitaire. Les déplacements massifs de population ont entraîné une hausse dramatique des besoins en vivres, eau potable, abris, mais aussi une exposition accrue des groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, à divers risques de protection.
"La crise humanitaire en RDC est l’une des plus graves de notre époque. L’ampleur des souffrances humanitaires est énorme et mérite toute notre attention. Grâce à ce nouveau financement humanitaire, l’UE vise à venir en aide aux communautés les plus vulnérables. L’Union européenne reste déterminée, non seulement comme en tant qu'acteur humanitaire, mais aussi en tant que défenseur d’une paix durable à long terme pour la population du Congo", a déclaré Hadja Lahbib, commissaire européenne chargée de la préparation, de la gestion des crises et de l’égalité.
Toujours selon le communiqué, ces 9 millions d’euros s’ajoutent aux 120 millions d’euros d’aide humanitaire déjà mobilisés par l’Union européenne pour la région des Grands Lacs en 2025, avec un accent particulier sur l’est de la RDC.
Lancé en février dernier par le gouvernement congolais et la communauté humanitaire, le Plan de réponse humanitaire 2025 des Nations Unies pour la RDC est évalué à 2,54 milliards de dollars américains, mais reste sous-financé à seulement 16 % à deux mois de la fin de l’année. Ce plan vise à fournir une assistance vitale à 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes, un chiffre parmi les plus élevés au monde sur un total de 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.
Le lancement de ce plan est intervenu dans un contexte de polycrise multidimensionnelle marqué par trois principaux facteurs déstabilisateurs :une spirale de violence s’étendant de l’Ituri au Tanganyika, la présence d’autorités de facto dans plusieurs zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les besoins humanitaires demeurent immenses et une crise aiguë du financement de la réponse humanitaire.
Cet appui de l’UE intervient également dans un contexte mondial tendu, marqué par une réduction drastique du budget humanitaire des Nations Unies pour 2025, conséquence des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan mondial, désormais fixé à 29 milliards de dollars contre 44 milliards initialement prévus, devra se concentrer sur une aide hyper-priorisée à 114 millions de personnes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) dans un communiqué publié le 16 juin 2025.
Cette baisse drastique des financements intervient alors que les conflits se multiplient à travers le monde, touchant notamment le Soudan, la RDC, le Myanmar et Gaza, où la population fait face à un risque critique de famine, selon un rapport publié en mai dernier.
Clément MUAMBA
