Dans un entretien exclusif accordé à ACTUALITE.CD, le directeur exécutif des jeux olympiques évoque largement les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) prévus à Dakar du 31 octobre au 13 novembre 2026. Ces JOJ de Dakar seront la 4ème édition des JOJ d’été et la septième dans l’ensemble, y compris ceux d’hiver.
Créés en 2007 avec une première édition disputée en 2010 à Singapour, les JOJ atterrissent, pour la première fois, sur le continent africain par le biais de Dakar, capitale sénégalaise. En gros, ce sera la première manifestation sportive olympique organisée en Afrique. Christophe Dubi, directeur exécutif des jeux olympiques, considère cet évènement comme une opportunité pour le continent de briller à la face du monde.
Il revient, dans cette interview, sur l’importance de Dakar 2026 pour le continent et le mouvement olympique, les progrès réalisés en matière de préparation des sites, de plans d'héritage et d'initiatives d'engagement des jeunes ou encore les principaux résultats de la 7e réunion de la commission de coordination du Comité international olympique (CIO) qui s’est tenue à Dakar.
Christophe Dubi, directeur exécutif des jeux olympiques
ACTUALITE.CD: Dakar 2026 sera le premier événement olympique organisé en Afrique. Pourquoi s'agit-il d'un moment si important pour le continent et pour le mouvement olympique ?
Christophe Dubi: Le mouvement olympique est riche de par sa diversité. La participation aux Jeux Olympiques est universelle et le continent africain a toujours été un grand pourvoyeur d'athlètes de première qualité.
Ce qui fait la grandeur et la magie des Jeux, où qu'ils se déroulent, c'est cette incroyable diversité, c'est la réunion des peuples quel que soit le passeport, la couleur, le système politique, tout le monde est aux Jeux Olympiques. Et puis, ce qui fait également la richesse, c'est qu’à chaque édition des Jeux ou des Jeux de la Jeunesse, c'est un endroit donné, à un moment donné, donc une culture, des citoyens qui accueillent le reste du monde.
Alors, on l'a fait aujourd'hui dans tous les continents. C'est pour cela qu'on a tous des images des Jeux de Rio, de Munich, d'Atlanta ou d'ailleurs. Et pour la première fois, nous aurons cette imagerie, cette identification de l'événement par rapport au continent africain. Et c'est pour cela que c'est incroyablement important parce que le Sénégal, Dakar, le continent africain, rejoignent le concert de ce que l'on pourrait considérer comme des souvenirs universels.
Pour la première fois, nous aurons cette association de l'image et des valeurs olympiques par rapport au continent africain, au Sénégal et à Dakar.
A un peu moins d’une année et demi du coup d’envoi, que peut-on retenir aujourd’hui des préparatifs dans l’ensemble ?
D'aujourd'hui à la livraison des Jeux, avec des points de passage forts, notamment au mois de novembre cette année, qui verra les organisateurs tenir une nouvelle édition Dakar en Jeux. C'est toujours un test grandeur nature très important, mais également des épreuves tests dans un certain nombre de sports. Et puis, finalement, ce que l'on appelle une journée porte ouverte pour les Comités nationaux olympiques qui seront soit à distance, soit sur place pour discuter des derniers préparatifs. Donc voilà un gros point de passage en novembre. Et puis ensuite, on sera très rapidement sur la mise en œuvre du dispositif avec les constructions temporaires. Et puis la formation du personnel qui va travailler au moment des Jeux, notamment les volontaires. Donc ça va très très vite entre aujourd'hui et les Jeux, mais avec encore une fois des points de passage qui sont extrêmement clairs.
Au mois de mai dernier, il s’est tenue, sur place à Dakar, la 7e réunion de la commission de coordination du CIO pour les JOJ 2026. Ces assises ont notamment été marquées par l’inauguration de l'Académie de formation de Dakar 2026 officiellement. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce programme et comment peut-il être considéré comme un héritage pour la jeunesse du continent ?
C’est quelque chose de formidable parce que l'événementiel a la particularité d'être un domaine hautement spécialisé, mais qui paradoxalement, réunit tous les métiers que l'on connaît dans la vie courante des gens qui s'occupent de la comptabilité jusqu'aux domaines créatifs du design. Mais c'est un vrai savoir-faire que de savoir rassembler toutes ces expertises pour atteindre un objectif commun à un moment donné, à un endroit donné.
C'est très complexe. C'est pour ça que l'académie est formidable dans le sens où on va donner à tous ces jeunes les clés pour grandir dans un environnement qui s'appelle l'événementiel. Et de le faire dans le cadre des Jeux Olympiques de la Jeunesse, ça permet non seulement de former des jeunes qui vont participer à l'organisation des Jeux de la Jeunesse, mais que l'on retrouvera peut-être dans le cadre d'un festival de musique ou encore d'une exhibition d'art.
Peut-être au Sénégal, peut-être ailleurs, parce que les principes d'organisation événementielle sont les mêmes. Et quand on a su le faire dans le cadre d'un événement comme les Jeux de la Jeunesse, on saura le faire sur tous les autres types d'événements. Donc c'est un véritable héritage profond pour tous les jeunes qui participeront et là nous devons tous ressentir une certaine fierté, c'est que tous les Comités Nationaux Olympiques africains ont été sollicités pour envoyer des candidats et des participants dans le cadre de la Learning Academy.
Donc, voilà, les effets bénéfiques se font sentir dans l'ensemble du continent. Et puis, il y aura un héritage bien entendu matériel, on l'a abordé, pour la ville de Dakar, des hébergements pour des étudiants, de nouveaux complexes sportifs, avec de nouvelles ambitions pour le sport sénégalais, sans aucun doute, à la fois au niveau du sport d'élite, mais pour la pratique au quotidien de tous, et en particulier les jeunes.
On sait à quel point un investissement dans le sport a des répercussions bénéfiques au niveau social, au niveau de la santé, donc au point de vue économique aussi. Ça sera un héritage en matière de savoir-faire d'organisation, sans aucun doute. Il y aura d'autres événements à Dakar dans le futur et probablement au Sénégal grâce à la Learning Academy. Et puis finalement, ce sera un héritage aussi pour un certain nombre d'athlètes qui deviendront de vrais champions dans des catégories d'âge supérieur qu'on retrouvera aux Jeux Olympiques, probablement médaillés aux Jeux Olympiques dans le futur.
En quoi Dakar 2026 se distingue-t-il des précédents Jeux olympiques de la jeunesse ? Et comment le CIO contribue-t-il à faire en sorte que cette édition reflète véritablement l'Afrique ?
La deuxième partie de la question en premier lieu, parce qu'elle va naturellement amener la réponse à la première. Le CIO se doit d'imposer un certain nombre d'éléments qui doivent être constants d'une édition à l'autre des Jeux et des Jeux de la Jeunesse. Un cent mètres en athlétisme, c'est un cent mètres. Le chronométrage au centième, ça n'est pas au dixième, c'est un chronométrage au centième. Ça, on doit l'imposer. Par contre, quelle musique accompagnera les athlètes lorsqu'ils monteront sur le podium ? Comment est-ce qu'on va décorer les stades avec ce que l'on appelle le Look des Jeux ? Quelle nourriture sera servie au village Olympique ? Comment est-ce qu'on va animer les rues de Dakar ? Ça, c'est réellement ce qui fait la différence d'une édition à l'autre, des Jeux Olympiques et des Jeux de la Jeunesse. Et le cahier des charges du CIO est extrêmement précis sur les premiers éléments et laisse au total libre arbitre des organisateurs sur la deuxième dimension.
Pourquoi ? Parce que la grandeur des Jeux Olympiques, c'est le fait qu'ils ne soient jamais au même endroit, toujours dans des cultures différentes, avec ce qu'elles ont de richesse à amener. Et par conséquent, les Jeux vont se distinguer à Dakar, simplement parce que les précédents étaient dans des villes, donc dans des cultures complètement différentes. Et c'est cette volonté du CIO de donner cette flexibilité pour que les organisateurs soient fiers de ce qu'ils montrent au reste du monde, que chaque édition est incroyablement unique.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes Africains qui attendent avec impatience les prochains Jeux?
Soyez fières, enthousiastes. Soutenez les athlètes, soyez présents dans les stades et sur les réseaux sociaux. Faites que cette édition des Jeux Olympiques de la Jeunesse soit rayonnante bien au-delà du continent. C'est une opportunité unique, c'est une plateforme qui peut vous faire briller.
Propos recueillis par Japhet Toko