RDC-M23: l’inquiétant silence de la francophonie 

Louise Mushikiwabo, SG de l’OIF
Louise Mushikiwabo, SG de l’OIF

88 États et gouvernements : 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs et pas une seule initiative pour tenter de stopper la montée de la violence dans l’Est congolais ces derniers mois. La RDC, faut-il le rappeler, est un géant de l’organisation par le nombre de locuteurs. Kinshasa, sa capitale, est la ville la plus francophone du monde. L’agglomération de plus de 15 millions d’âmes va d’ailleurs abriter les jeux de la francophonie en 2023.

Le 18e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’ouvre ce samedi sur l'île de Djerba (Tunisie). Il connaîtra la participation d’une trentaine de dirigeants dont le Français Emmanuel Macron et le Canadien Justin Trudeau. Plus de 89 délégations sont attendues dont une trentaine chefs d'Etat et de gouvernement et sept dirigeants d'organisations internationales et régionales. Paul Kagame sera présent comme beaucoup d’autres membres de l’organisation. Félix Tshisekedi a délégué le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde. A Kinshasa, les questions se posent sur le rôle de cette institution qui a notamment pour mission la promotion de la paix et des droits de l’homme.

Il faut remonter à début juin pour retrouver une communication formelle de la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo sur la question.  Elle avait déploré « profondément l’escalade des tensions entre la RDC et le Rwanda, consécutive aux dernières exactions commises par le groupe rebelle M23, dans le Nord-Kivu ». Elle avait salué la médiation de l’Union africaine et avait encouragé « toutes les parties prenantes, localement, à s’engager dans cette dynamique de dialogue et de recherche de solutions communes ».

L’un des plus importants pays de l’organisation pouvait s’attendre à mieux.  Pourquoi ce long silence ? Louise Mushikiwabo s’est expliquée vendredi sur TV5: « L’OIF, si on était sollicité on serait heureux de mener une mission dans cette région. L’OIF n’est pas que la secrétaire générale. Nous avons une direction politique qui fait du travail un peu partout dans l’espace francophone. Est-ce que c’est vraiment nécessaire aujourd’hui? Nous avons plusieurs initiatives sur cette crise ».  

Revenant sur les tensions entre la RDC et le Rwanda, elle a sa lecture: « Il y a des éléments en RDC, juste à la frontière du Rwanda, qui sont une menace pour l a sécurité du Rwanda. A un certain moment, le Rwanda, la RDC, le Burundi, les pays de la région ont décidé qu’il fallait se débarrasser de ces groupes armés. Ceux qui ne veulent pas déposer les armes, on les désarme et on les fait disparaître. Pourquoi cela n’a pas été fait ? C’est cela la question ». 

Et d’ajouter:

« Est-ce qu’on peut retourner sur les accords qui existent depuis plus de dix ans et les mettre en application ? C’est une question de volonté politique. C’est aussi simple que ça. » 

« Si le sommet de l’OIF qui débute aujourd’hui à Djerba en Tunisie ne condamne pas l’agression de la RDC par le Rwanda à travers ses supplétifs de M23, cette institution internationale perd sa raison d’être. Et la RDC n’aura plus aucun intérêt d’y rester membre », tranche d’ailleurs Martin Fayulu à ce propos.