Deux ans après la mort de Chérubin Okende : « Ce crime odieux demeure une tache indélébile pour la République, un rappel douloureux de la nécessité de construire un véritable État de droit… » (Claudel Lubaya)

Cherubin Okende de son vivant au cours de l'émission Objectif 2023 (Janvier 2021)
Cherubin Okende de son vivant au cours de l'émission Objectif 2023 (Janvier 2021)

A vingt-quatre heures de la date anniversaire de deux ans de la mort de l’ex ministre des transports, Chérubin Okende, à Kinshasa, l’opposant Claudel Lubaya estime que « ce crime odieux » reste « une tache indélébile pour la République », quand il se souvient de l'issue des enquêtes judiciaires qui avaient débouché sur un cas de suicide.

Dans un post sur le réseau social X ce samedi 12 juillet, l’ancien député national dit son inquiétude sur la persistance du « silence et de l’injustice » qui entourent la mort tragique d’un ancien membre de l’exécutif, dénonçant à la fois les résultats d’une autopsie non rendus publics et le choix du silence des experts Belges et Sud-Africains impliqués pour élucider les circonstances du décès de Chérubin Okende.

« Il n’existe pas de crime parfait. Deux ans plus tard après ce drame, le silence et l’injustice persistent. Malgré les contestations véhémentes de sa famille et d’une grande partie de la population, les autorités ont précipitamment conclu à un suicide sur fond d’intimidations à l’endroit de quiconque contesterait cette thèse insensée et inqualifiable, qui bat toujours de l’aile sans convaincre personne », déclare Lubaya.

Et de poursuivre : 

« Les résultats de l’autopsie, essentiels pour élucider les circonstances de sa mort, demeurent inaccessibles au public. Pire encore, les experts étrangers, notamment belges et sud-africains, ayant participé à l’enquête, ont curieusement choisi de garder un silence assourdissant, laissant planer un épais voile d’incertitude sur cette nébuleuse affaire ».

Dubitatif sur l’initiative d’une « enquête impartiale et transparente » en raison d’une « justice bien trop souvent soumise aux humeurs du pouvoir », l’opposant en exil attribue « la responsabilité première » de faire la lumière à cette affaire au président de la République, qui doit « user de tous les moyens légaux en son pouvoir pour faire éclater la vérité », sinon, ajoute-t-il, « c’est sur sa personne que reposera la responsabilité accablante de l’assassinat tragique de cet époux et père de famille ».

La fille du défunt, Frida Okende, a adressé une lettre ouverte à Félix Tshisekedi, dans laquelle elle exprime sa douleur, son incompréhension face à la conclusion judiciaire,  plaidant pour une « justice, même tardive », en mémoire de son père. 

Dans cette missive antidatée consultée par ACTUALITE.CD, Frida Okende prend la parole au nom de la famille, encore marquée par le traumatisme. Elle rappelle que la justice avait conclu à un suicide, hypothèse qu’elle juge infondée. Elle affirme s’en remettre aux valeurs de vérité et de justice qu’incarne, selon elle, le président de la République afin que le dossier, dit-elle, « puisse faire l’objet d’un regard nouveau, impartial et humain ».

Chérubin Okende, porte-parole et cadre du parti d’opposition Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, avait été retrouvé mort, ceinture de sécurité attachée, dans sa jeep stationnée sur l’avenue Poids-Lourds, dans la commune de la Gombe, à proximité du fleuve Congo. Sa veste et sa chemise blanches étaient ensanglantées, et un pistolet avait été découvert à ses côtés.

Quelques heures plus tôt, l’ancien député, alors attendu à la Cour constitutionnelle pour une déclaration de patrimoine, avait été porté disparu. Il était accompagné de son garde du corps.

Dans cette même affaire, l’ancien ministre du Tourisme Modero Nsimba avait été accusé de propagation de faux bruits après la diffusion d’un audio controversé sur les réseaux sociaux. Cet enregistrement, qui lui est attribué, évoquait la mort de Chérubin Okende et impliquait plusieurs personnalités proches du président Félix Tshisekedi, dont Christian et Jacques Tshisekedi, ainsi que Christian Ndaywel, un haut responsable des renseignements militaires. Modero Nsimba avait été placé sous mandat d’arrêt provisoire à la prison centrale de Makala, avant d’en sortir le 13 août 2024.

Samyr LUKOMBO