RDC : Kabila, Katumbi, Lubaya, Sesanga, Kikuni, Diongo et Vuemba jugent « insuffisant » l’accord de Washington et appellent une fois de plus à un dialogue congolais inclusif

Donald Trump, président des USA au milieu des ministres des affaires étrangères de la RDC et du Rwanda à l'occasion de la signature de l'accord de paix entre les deux pays voisins à Washington
Donald Trump, président des USA, au milieu des ministres des affaires étrangères de la RDC et du Rwanda à l'occasion de la signature de l'accord de paix entre les deux pays voisins à Washington le 27 juin 2025

Plusieurs forces politiques et sociales congolaises ont déclaré vendredi que l’accord de paix signé le 27 juin 2025 à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda était « partiel » et « insuffisant » pour garantir une paix durable, appelant à un « dialogue sincère entre Congolais » pour traiter les causes internes de la crise.

Dans une déclaration commune, elles disent prendre acte de la signature par les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, sous l'égide des États-Unis. Elles saluent la facilitation américaine tout en soulignant que le texte signé « réduit [la crise] à un conflit bilatéral, occultant l'implication pourtant avérée d'autres acteurs régionaux ». Elles estiment que cette approche ne peut « garantir une paix durable, et encore moins la stabilité, tant dans notre pays que dans la région ».

Les signataires insistent sur le fait que « les causes profondes de la crise congolaise sont principalement internes » et listent notamment « le recul de la démocratie, le retour à un exercice du pouvoir qui s’apparente de plus en plus à la dictature, la violation récurrente de la Constitution et des lois, les violations graves et répétées des droits humains, le harcèlement judiciaire des opposants, les arrestations arbitraires, les détentions illégales, le tribalisme, le népotisme, la corruption et les détournements massifs des fonds publics ».

Selon eux, « tant que ces causes endogènes ne seront pas prises en compte et adéquatement traitées, la crise congolaise persistera et la paix véritable et durable ne sera rien de plus qu’un mirage ». Ils appellent donc à « un dialogue sincère entre Congolais », qu’ils présentent comme « le seul cadre approprié pour débattre des causes profondes de la crise et dégager un consensus national essentiel au rétablissement de la démocratie, à la restauration de la cohésion nationale et à une paix sociale durable ».

Ils réaffirment leur soutien au processus proposé par les Évêques de la CENCO et de l’ECC, qu’ils présentent comme « un dialogue représentatif des forces politiques et sociales congolaises et dont l’agenda ouvert permet aux participants de traiter, sans tabous, de tous les sujets pertinents, avec pour seuls objectifs l’État de droit, la paix et la concorde nationale ».

Les forces politiques et sociales mettent en garde contre ce qu’elles appellent « les manœuvres du pouvoir en place » qui, selon elles, « torpille » le dialogue en posant des conditions qui « portent atteinte à l’indépendance des facilitateurs, au caractère inclusif et à l’exhaustivité de l’agenda du dialogue ». Elles rejettent un « dialogue faire-valoir voulu par le Pouvoir » et affirment que ce dernier cherche à « remettre sur les rails le projet mort-né d’un Gouvernement dit d'Union Nationale » pour « se garantir ainsi une issue favorable à ses intérêts et non à ceux du Congo et des Congolais ».

Elles déclarent que « la crise qui paralyse notre pays est essentiellement due à l’illégitimité du pouvoir en place et à sa mauvaise gouvernance » et qu’« étant partie au problème, ce pouvoir ne peut donc décider unilatéralement des conditions requises pour la solution du problème ».

Enfin, elles invitent le pouvoir à « ne pas persister dans l’erreur que représente sa politique de stigmatisation et d'exclusion d’une partie, chaque jour plus importante, de la population et de la classe politique congolaises ». Elles préviennent : « À noter que si, après avoir allumé l'incendie, il empêche les pompiers d'intervenir, le jugement de l'histoire à son endroit sera impitoyable et sans appel ».

La déclaration est signée notamment par Olivier Kamitatu pour Ensemble pour la République, Rodrigue Ramazani Bekola pour Envol, Raymond Tshibanda pour le FCC, Claudel Lubaya pour UDEAO, Seth Kikuni pour PISTE pour l’Émergence, Franck Diongo pour le MRC, Jean-Claude Vuemba pour ABA/MPCR, Palmer Kabeya Tshishimbi pour Filimbi, Martin Milolo pour le Forum Citoyen et Jean-Jacques Lumumba pour la Convention de la Société Civile Citoyenne.