RDC-Nyiragongo : l’identification des sinistrés se poursuit, l’ACEDH appelle à la mise en place d'un système de prévention des conflits fonciers

Les déplacés du Nord-Kivu après érption volcanique/Ph. ACTUALITE.CD

L’identification des personnes dont les habitations ont été consumées par la lave du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021 se poursuit dans la dizaine de villages touchés. Pour prévenir des éventuels conflits fonciers, lors de la reconnaissance des parcelles des uns et des autres, au village Rukoko par exemple, deux conditions sont posées aux sinistrés avant leur identification.

Selon le chef de la localité Kihisi, Jérémie Kavusa, outre l’exhibition des documents parcellaires, le sinistré doit être accompagné de quelques témoins, dûment reconnus également comme propriétaires des parcelles dans cette entité.

« À part les documents des parcelles, nous sommes en train d’y aller par témoignage pour ceux dont leurs habitations ont été consumées par la lave. Nous servant de ces deux sources, nous sommes en train de viser tout le temps que la lave aura une simple température en telle sorte qu’on peut encore établir des parcelles, nous allons nous servir de cette base des données. Notre objectif primordial, c’est que, après notre travail, nous voulions aussi sensibiliser le peuple », a dit M. Kavusa.

Et d’ajouter :

«  Ça peut arriver scientifiquement que là où il y avait une vallée, maintenant c’est devenue un plan, là où il y avait une colline, c’est devenue toute une plaine. Est-ce qu’il n’y a pas possibilité que la surface puisse  s'augmenter ou se rétrécir. Alors, nous comme cadres de base, nous ne voudrions pas que les gens se battent ce dernier jour-là, en constatant que la parcelle est devenue plus petite qu’elle ne l’était ou le contraire ».

Le chef de la localité Kihisi indique que la surface consumée est grande dont le nombre des victimes serait estimé à 5 000.

Et pour prévenir certains conflits fonciers, l’alerte congolaise pour l’environnement et les droits de l’homme appelle le gouvernement à mettre sur pied une commission qui devra se charger de gérer les conflits fonciers qui pourraient surgir lors du début de la réfection des habitations.

« Pour éviter des conflits violents, étant donné que la situation vers Nyiragongo a, dans le passé récent, déclenché des violences, il est temps que les autorités qui gèrent la province et même les autorités nationales, puissent prendre des mesures conservatoires, interdisant toute activité de construction sur le lieu qui a fait l’objet de l’éruption mais aussi interdire toute activité apparentée à l’exploitation foncière sans qu’il y ait toute planification de l’Etat qui devra inclure non seulement l’administration foncière traditionnelle mais aussi la société civile et l’administration foncière de l’État afin de prévenir des conflits qui peuvent déclencher sur des situations très graves, très dramatiques  et de fois même irréparables et qui peuvent même déboucher à une situation qui met en mal cet état de siège pour lequel toute la population espère avoir la paix », prévient Me Oliver  Ndoole, secrétaire exécutif de l’ACEDH.

Selon le coordonnateur humanitaire, Mr David MCLACHLAN-KARR, les coulées des laves et les conséquences du volcan Nyiragongo, ont causé la mort de plus de 30 personnes, plus de 3 000 maisons détruites, des centres de santé et des écoles ont également été affectées.

« Bien que tous les regards soient tournés vers les personnes déplacées (…), il ne faut pas oublier qu’elles rentreront un jour chez elles et qu’il faudra réparer ce que la lave du volcan a détruit et que cette évacuation préventive a engendré. Certains ont perdu des maisons, d’autres tous les revenus sans compter les réseaux d’eau approvisionnent un demi-million de personnages qui a été détruit.  Les partenaires humanitaires œuvrent aussi à cela. Toutefois, la phase de reconstruction aura aussi besoin du soutien d’autres acteurs, notamment ceux qui interviennent à plus long terme. Les acteurs du développement que j’encourage à se saisir de la situation dès maintenant », a pour sa part dit le commissaire humanitaire en RDC, lors d'une conférence de presse animée jeudi 3 juin à Goma.

Selon le bureau de coordination humanitaire (OCHA), au moins 232 000 personnes se sont déplacées de la ville de Goma et du territoire de Nyiragongo, craignant les risques liés à l’éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021. Nombreuses avaient fui jusqu’à Kiwanja dans le territoire de  Rutshuru, d’autres avaient pris la direction de Sake dans le territoire de Masisi, ainsi que de Minova et Bukavu dans la province du Sud-Kivu. D’autres encore se sont réfugiés au Rwanda voisin.  Bon nombre de ces déplacés retournent progressivement dans leurs lieux d’origine sans attendre l’autorisation des autorités.

Jonathan Kombi, à Goma