« La population ne soutiendra pas la réponse à Ebola si ses besoins les plus fondamentaux en matière de soins de santé sont ignorés » (Tristan le Lonqer/MSF)

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Depuis le début de l’épidémie d’Ebola, le cumul des cas est de 3.004, dont 2.899 confirmés et 105 probables. La maladie a déjà fait 2.006 décès dont 1.901 confirmés et 105 probables pour 902 personnes guéries. L’épidémie n’est pas encore maitrisée malgré la vaccination et le traitement thérapeutique. Les organisations sanitaires remarquent que l’implication des communautés n’est toujours pas optimales.

« Bien qu'un effort collectif accru soit nécessaire pour expliquer Ebola et soutenir les mesures préventives visant à contrôler la propagation du virus, de nombreux membres de la communauté ont souligné le manque de soins de santé pour plusieurs autres maladies » explique Médecins Sans Frontières.

Dans l’Est de la RDC, l'insuffisance du système de sanitaire exacerbe le problème. Avant la dernière épidémie d'Ebola, il n'y avait que neuf médecins formés pour 10 000 habitants dans le pays, notait il y a un mois OXFAM, l’autre organisation sanitaire présente dans la région.

Dans cet environnement si particulier, MSF plaide, pour sa part, pour la prise en compte des besoins sanitaires fondamentaux de la population .

« La population ne soutiendra pas la réponse à Ebola si ses besoins les plus fondamentaux en matière de soins de santé sont ignorés", explique Tristan le Lonquer, coordinateur des urgences de MSF au Nord-Kivu, sur des propos relayés par son organisation.

Le déficit d’implication communautaire constitue aujourd’hui le goulot d’étranglement majeur dans les efforts de lutte contre cette épidémie.

« Nous devons placer les communautés locales au cœur de l'intervention en décentralisant certaines activités liées à Ebola dans les structures de santé locales que les gens connaissent et soutenir l'accès aux soins de santé en général (…). Le système de réponse à #Ebola ne doit ni contraindre ni forcer les gens. Les familles doivent pourvoir choisir  ce qui est le mieux pour elles-mêmes et leurs proches. Les organisations doivent travailler dans cette direction pour mettre fin à l'épidémie », ajoute t-il.

De son côté, Corinne N'Daw, Directrice Nationale d'Oxfam en RDC, appelle à plus d’anticipation pour éviter que la situation ne s’aggrave.

« Le travail préventif demande du temps et des ressources, mais nous savons par expérience qu'il fonctionne. Compte tenu des tendances que nous constatons dans la propagation du virus, nous ne devrions pas attendre que des endroits deviennent des points chauds d'Ebola avant de nous engager avec les communautés », a t-elle dit.

Un exemple de travail d'engagement communautaire, l’expérience d’OXFAM

Dans la zone de santé de Katwa, qui a été le principal point chaud pendant un certain temps plus tôt dans l'année, il y avait beaucoup de méfiance envers la réponse d'Ebola. Étant donné qu'Oxfam travaillait avec les communautés locales avant l'épidémie, nous avons pu gagner leur confiance plus facilement. Nous avons travaillé avec les communautés pour les aider à surmonter certaines de leurs craintes et de leurs idées fausses au sujet du virus et, surtout, nous nous sommes assurés qu'elles étaient plus directement impliquées dans la réponse. Pour ce faire, nous avons mis sur pied des groupes de femmes et nous les avons formées à signaler les cas. Ils ont également été proactifs en encourageant d'autres membres de la communauté à se rendre dans les centres de santé.

Le nombre de cas est passé de 10 par jour à seulement 25 au cours des six dernières semaines. Dans un quartier, où les gens se sont montrés particulièrement méfiants à l'égard de l'intervention, notre équipe a récemment été invitée à célébrer avec la communauté, qui était sans Ebola depuis 21 jours.