La clôture des États généraux de la justice en RDC, initialement fixée à mercredi, a été repoussée de 72 heures pour permettre aux participants de poursuivre leurs travaux en ateliers. Cette décision a été annoncée par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, après le dernier panel, afin d’approfondir les propositions à formuler. "La justice est transversale, et nous avons voulu faire participer tout le monde, contrairement aux travaux de 2015 où seules les élites avaient été sélectionnées," a-t-il déclaré. Le ministre a souligné que cette démarche inclusive renforce la transparence et que le président Félix Tshisekedi, satisfait de ce format, encourage cette réflexion collective pour exposer les problèmes de la justice congolaise. Il a invité les participants à s'engager pleinement dans les ateliers de réflexion, qui se tiendront au Fleuve Congo Hôtel et au Palais du Peuple, où se déroulera également la cérémonie de clôture.
Les États généraux, ouverts le 6 novembre par le président Tshisekedi, se déroulent sous le thème : "Pourquoi la justice congolaise est-elle malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ?". Malgré cette initiative, quatre syndicats de magistrats, dont le Synamac, le Jusi, le Sychremac et le Symco, ont exprimé leur scepticisme quant à l’atteinte des objectifs annoncés. Dans un communiqué du 11 novembre, ils ont dénoncé plusieurs irrégularités, estimant que le Conseil Supérieur de la Magistrature et d’autres acteurs judiciaires clés n’ont pas été associés à l’organisation de l’événement. Selon eux, la présence de plus de 3 500 participants, parmi lesquels de nombreux étudiants et militants politiques, compromettrait la qualité des débats. Ils ont également critiqué la faible prise en charge des magistrats venus des provinces et le manque de transparence au niveau du secrétariat technique, dont les membres restent inconnus des participants. En outre, les syndicats regrettent que le temps alloué aux ateliers ait été réduit à une seule journée, craignant que cela ne limite la profondeur des échanges.
"Tout en saluant la tenue de ces assises, les syndicats des magistrats de la RDC constatent avec amertume une théâtralisation des travaux et redoutent que les objectifs initiaux ne soient pas atteints", ont-ils indiqué. Ils rappellent que les États généraux de 2015 avaient généré 350 recommandations, dont seulement 0,8 % avaient été appliquées, ce qui, selon eux, contribue au dysfonctionnement persistant de la justice congolaise.
Avant même le début de ces assises, l’ONG Justicia ASBL avait manifesté des préoccupations, reprochant au programme de privilégier les interventions de politiciens souvent sans expertise dans les questions judiciaires, et exprimant la crainte que les débats ne se transforment en tribune politicienne plutôt qu’en forum de réforme concrète.