RDC-Rwanda : l'accord de Washington peut ouvrir la voie à une paix durable mais de nombreuses inquiétudes persistent, d’après le professeur Martin Ziakwau

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Signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis

Martin Ziakwau, professeur et chercheur sur les dynamiques sécuritaires dans l'Est de la République Démocratique du Congo s'est exprimé au sujet de l'accord de paix signé par la RDC et le Rwanda sous la médiation américaine. Dans une note d'analyse parvenue à la rédaction de ACTUALITE.CD, il estime que cet accord peut réellement conduire à l'établissement de la paix mais il est très tôt pour crier à la victoire avant le début de sa mise en œuvre.

"L'Accord de Washington pourrait catalyser des avancées vers la cessation des hostilités mais surtout ouvrir la voie à une paix durable. La cessation des hostilités et l'établissement de la paix ne sont pas forcément synonymes. À ce stade, il serait imprudent de revendiquer une victoire pour la RDC, que je soutiens sans réserve. En effet, la notion de victoire suppose de soumettre l'autre à sa volonté, tout en consolidant sa propre position dans un jeu de puissances", analyse le professeur Martin Ziakwau.

Cependant, à l'instar de la Déclaration de principes du 25 avril 2025, ce chercheur sur les dynamiques sécuritaires dans l'Est de la RDC révèle que l'Accord de Washington suscite de nombreuses inquiétudes.

"Légitimation de l'AFC/M23, considérée de facto comme un interlocuteur valable du Gouvernement en vue  d’un Accord censé compléter l'Accord de Washington; Olligation de revitaliser le processus de Nairobi qui pourrait entraîner une révision à la baisse du rôle des "Wazalendo" dans la lutte contre l'agression ; cette dernière étant d'ailleurs ignorée par l'Accord; Reconnaissance" du soutien de la RDC aux FDLR, à neutraliser, renforçant ainsi le discours du Rwanda et exposant à un risque d'opérations communes contre ces dernières dans les prochains mois; Ambiguïté quant au rythme de mise en œuvre, oscillant entre la lutte contre les FDLR et la levée des mesures défensives du Rwanda; Mise en marge de la SADC du processus d'intégration régionale malgré son poids géopolitique", a-t-il énuméré dans son analyse.

Face à cette situation, il a formulé des propositions à l'endroit du gouvernement congolais. Il suggère notamment, “l'opérationnalisation de la loi relative à la réserve de la défense, notamment par la nomination de ses animateurs ; l'affectation de ressources significatives par le Gouvernement pour renforcer le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation ; la concrétisation de la promesse faite par le Chef de l'État le 24 janvier 2019 relative à la tenue d'un Forum national de réconciliation (en particulier entre les communautés locales dans l'Est du pays); le renforcement de la lutte contre la corruption pour redorer l'image de l'Etat”.

Obtenu sous les auspices de l'administration Trump, cet accord comprend des dispositions sur le respect de l'intégrité territoriale et l'interdiction des hostilités ; le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ; la mise en place d'un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le CONOPS du 31 octobre 2024 ; la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi que l'accès humanitaire ; et un cadre d'intégration économique régionale.

Dans le cadre de la coordination continue entre les efforts de facilitation des États-Unis d'Amérique et de l'État du Qatar, ce dernier a participé à ces discussions afin d'assurer la complémentarité et l'harmonisation des initiatives des deux pays visant le dialogue et la paix dans la région. La RDC et le Rwanda ont exprimé leur gratitude pour les précieuses contributions et les efforts conjoints des États-Unis et du Qatar, en tant que partenaires, pour promouvoir une résolution pacifique.

Clément MUAMBA