Liste grise du GAFI : la RDC dans l’obligation d’accélérer ses réformes contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

Conférence de presse de la Cenaref sur l'inscription de la RDC sur la liste grise du Gafi
Conférence de presse de la Cenaref sur l'inscription de la RDC sur la liste grise du Gafi

Dans un contexte marqué par la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda et des discussions pour des accords miniers avec les États-Unis, Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cellule nationale de renseignements financiers (CENAREF), a appelé les autorités de la RDC à poursuivre les travaux de mise en œuvre du plan d’action visant à sortir le pays de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), une organisation internationale de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

« Les autorités de la RDC doivent agir rapidement pour éviter l’escalade vers la liste noire, avec comme conséquences graves un isolement financier international et diplomatique. Pour l’instant, les pays qui y figurent sont : l’Iran, la Corée du Nord et le Myanmar. Ces pays ont refusé de corriger les défaillances malgré les avertissements. Tout le monde doit être mobilisé au niveau national, avec l’implication de tous, tant dans le secteur public que privé », a indiqué Adler Kisula à la presse ce mardi 1er juillet 2025.

De l’inscription de la RDC sur la liste grise du GAFI

La RDC a été classée sur la liste « grise » du GAFI (pays sous surveillance renforcée en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme) en octobre 2022. Cela faisait suite à une réunion en présentiel en septembre de la même année avec le GABAC (Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale) à Livingstone (Zambie), pour examiner les avancées du pays dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, et évaluer l’efficacité des mesures prises depuis la mise sous observation.

Il avait notamment été noté la persistance de lacunes stratégiques majeures dans le dispositif de la RDC en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Ainsi, la RDC s’était engagée à l’époque, à travers une feuille de route, à mettre en place un ensemble d’actions entre mai 2023 et mai 2025 pour corriger les faiblesses identifiées en matière de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux, selon des échéances bien déterminées.

Bilan mitigé dans la mise en œuvre des actions

Au total, 23 actions ont été arrêtées pour renforcer le dispositif congolais de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Parmi celles-ci, 13 sont déjà traitées (soit un taux de réalisation de 56,52%), 8 sont partiellement traitées (34,78%) et 2 ne sont pas encore traitées (8,7%), a expliqué le secrétaire exécutif de la CENAREF.

Parmi les actions réalisées figurent notamment l’adoption et la promulgation de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, ainsi que les différents textes d’application. Il y a également la désignation de la CENAREF comme autorité de régulation en la matière.

Beaucoup reste encore à faire dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, notamment l’identification et les enquêtes sur les activités de financement du terrorisme, conformément au profil et aux risques du pays.

Quelles conséquences ?

La présence de la RDC sur la liste grise du GAFI comporte de nombreuses conséquences néfastes. Parmi elles, on peut citer la réduction des investissements étrangers et de l’aide internationale ; les difficultés accrues pour lever des fonds sur les marchés financiers internationaux ; le ralentissement de la croissance économique et du développement du pays ; l’accès restreint aux services bancaires (y compris pour les particuliers et les entreprises) ; la rupture des relations de correspondance bancaire (derisking par les banques internationales) ; le blocage des transferts financiers ; ainsi que l’érosion des réserves de change et l’instabilité macroéconomique (fuite des capitaux).

La RDC a donc tout intérêt à mettre en œuvre les différentes actions identifiées pour éviter d’être maintenue sur la liste grise du GAFI, ce qui, à long terme, pourrait entraîner son classement sur la liste noire, avec ses conséquences économiques et diplomatiques.

Bruno Nsaka