Depuis ce mardi 1er juillet 2025, plus de 45.000 élèves finalistes participent à l’Examen National de Fin d’Études Primaires (ENAFEP) dans la province éducationnelle Nord-Kivu 1, sous contrôle de la rébellion de l’AFC/M23. A Goma, le lancement officiel des épreuves a eu lieu au complexe scolaire la Joie par les autorités rebelles.
Les filles sont majoritaires cette année dans la province Nord-Kivu 1. Le directeur provincial de l’éducation, Mashagiro Ngagi a indiqué que 25.061 des candidats sont des filles, soit 54 % de l’effectif total. Une progression significative dans cette partie de la RDC sous contrôle des rebelles appuyée par le Rwanda
Si la ville n’est pas directement touchée par les combats depuis l’arrivée des rebelles du M23 fin janvier 2025, la crise économique provoquée par l’occupation de plusieurs territoires affecte lourdement les ménages de Goma. Les parents remercient tout de même l'État congolais qui a facilité la passation d’examen.
« Les enfants composent oui mais beaucoup n’ont même pas de quoi manger après les examens. Nous n’avons pas d’argent, d’ailleurs moi-même je n’arrive pas à comprendre comment nous avons fait pour que notre garçon passe l’examen. C’est un miracle pour nous. On survit, mais on n’abandonne pas l’école. On remercie aussi le gouvernement congolais d’avoir rendu ces épreuves gratuites si non plusieurs écoliers n’allaient pas se présenter faute des moyens », témoigne Kavira charlotte, mère d’un écolier finaliste.
Les épreuves qui sont gratuites dans toute la province, portent sur la culture générale, le français, les mathématiques et les sciences. Elles se déroulent normalement grâce notamment au soutien logistique de l’UNICEF et de l’UNESCO
À Rutshuru, territoire toujours sous occupation de l’AFC/M23, plusieurs enseignants n’ont pas été payés depuis plus de cinq mois. Malgré cela, certains ont continué à encadrer les finalistes bénévolement.
« On ne pouvait pas abandonner ces enfants en dernière année. Alors on a tenu, même sans salaire mais il faut savoir que ceci ne peut pas continuer, nous avons aussi des enfants qui doivent être entretenus. Si nous ne sommes pas payés, je crains que l’année prochaine, même les enseignants de 6ème années n’entrent en grève», a dit à ACTUALITE CD, Sosthène Hakiza, enseignant de Nyamilima, dans le territoire de Rutshuru.
Mais dans les classes inférieures la situation est plus critique car de nombreux enfants ne vont plus à l’école. Certaines écoles ont fermé leurs portes depuis février et d’autres n’ont repris qu’au mois de mars 2025.
« Chez moi, seuls les enfants de 6e année vont à l’école. Les autres sont à la maison parce qu’il n’y a pas d’enseignants, les écoles ont fermé depuis mi-février 2025. Heureusement d’autres ont eu pitié de nous et ont repris timidement les activités depuis avril 2025. On espère qu’un jour, ça changera », raconte Jean Harerimana, parent d’écoliers à Nyamilima.
Les enseignants de Rutshuru et Masisi n’étant pas bancarisés, leurs salaires étaient payés manuellement par la Caritas, mais depuis l’entrée des rebelles à Goma, cette organisation n’arrive pas à payer les enseignants de ces deux territoires, d’où les arriérées de cinq.
Yvonne Kapinga, à Goma