RDC : lancement à Kinshasa des conversations nationales pour prévenir la montée de l’extrémisme violent

Photo d'illustration
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Le vice-premier ministre chargé de l’intérieur et sécurité, Jacquemain Shabani, a ouvert ce lundi 3 novembre, à Kinshasa, les conversations nationales sur la gouvernance provinciale et locale pour la prévention de de l’extrémisme violent en République Démocratique du Congo, « motivé par des intérêts économiques, identitaires ou religieux », visant à « rendre fragile la gouvernance et creuser un déficit de confiance » entre les autorités et les populations.

Devant un parterre d’officiels, dont les gouverneurs des provinces, les autorités de la police et les administrateurs des territoires, M. Shabani a pointé notamment la gouvernance affaiblie, l’absence des institutions et les frustrations sociales et économiques comme facteurs de prospérité de l’extrémisme violent, d’où l’importance de ces conversations nationales pour replacer la gouvernance au cœur de la prévention. L’objectif étant, non seulement d’en comprendre les causes, mais de construire des réponses à la fois institutionnelles, communautaires et humaines.

En effet, ce sont des provinces de la partie orientale du pays, à savoir : l’Ituri, les Nord et Sud-Kivu, le Maniema et le Tanganyika, qui connaissent la présence des groupes armés et d’acteurs violents liés à des réseaux internationaux, ajouter à cela le Mai-Ndombe, le Kwilu, Kwango, du Kasaï, Kasaï-central dont les tensions communautaires pourraient nourrir une nouvelle forme d’extrémisme violent, « si rien n’est entrepris », alerte le VPM de l’intérieur et sécurité, qui a épinglé également la ville de Kinshasa où la montée du banditisme urbain nécessite d’être maîtrisée.

« Ces conversations ne doivent pas être un forum de plus, mais le point de départ d’un nouveau pacte de gouvernance et de sécurité humaine en RDC. De ces travaux sortiront une compréhension commune, des engagements clairs et un cadre d’action partagé pour nous prévenir de cette idéologie révolue de temps anciens… un plan d’action fondé sur les valeurs suivantes : la tolérance, le dialogue, la cohésion sociale, la stabilité dans nos entités et la sécurité nationale », a rassuré Jacquemain Shabani.

Rappelant les conclusions issues de deux premières éditions des conversations nationales, le coordonnateur du Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités, Marcel Kanda considère cet évènement comme un pont entre les réalités du terrain, les politiques publiques et les aspirations profondes des Congolais, interpellant sur une conduction mêlant vigilance et lucidité, sans laquelle l’extrémisme violent risque de freiner la marche de la RDC « vers un développement véritablement holistique. »

Pour le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), l’extrémisme violent, qu’il présente comme un phénomène multidimensionnel dont la prévention exige une compréhension fine des facteurs qui le nourrissent, prend ses racines depuis 2022 en RDC. Il l’identifie comme l’un des éléments affectant notamment la cohésion nationale et «mettent à rude épreuve la résilience collective. »

« Il [l’extrémisme violent] n’est ni le plus répandu, ni le mieux compris, pourtant ses effets sont profondément déstabilisateurs pour les individus, pour les communautés et les institutions. C’est un phénomène multidimensionnel dont la prévention exige une compréhension fine des facteurs qui le nourrissent, de l’environnement dans lequel il se développe », a déclaré Joseph Oji Représentant résident du PNUD en charge des programmes, qui exhorte sur une action en amont car, dit-il, « la prévention est toujours moins coûteuse… »

Il propose, quant à lui, une réponse efficace qui repose sur des fondamentaux, dont la compréhension du phénomène dans sa complexité, l’attaquer aux vulnérabilités et discriminations ainsi que construire des solutions ancrées dans les réalités.

Programmées pour trois jours, soit du lundi 3 au jeudi 6 novembre 2025, ces assises poursuivent l'objectif principal de rassembler les parties prenantes nationales, provinciales et locales pour une analyse contextualisée des particularismes des violences extrémistes dans le pays, afin de créer une compréhension commune de l’extrémisme violent et des conditions propices à son expansion ; dégager des implications programmatiques pour soutenir les actions du gouvernement central et des gouvernements provinciaux ; renforcer les mécanismes de gouvernance pour la prévention et la réponse à l’extrémisme violent.

Samyr LUKOMBO