A deux semaines de l'ouverture de la session de mars 2022, le député national Gratien Iracan a appelé le Chef de l'État Félix Tshisekedi, en sa qualité du chef de la majorité parlementaire à chercher à regagner la confiance de la population congolaise en dotant le pays d'un nouveau leadership à la tête de l'Assemblée nationale. L'élu de la ville de Bunia (Ituri) estime que, faute d’un bon leadership, la chambre basse du Parlement n’exerce pas ses prérogatives de contrôler le gouvernement afin de répondre convenablement aux attentes de la population congolaise depuis le début de la législature en cours.
“Nous pensons qu'il n'est pas trop tard pour bien faire. Jusqu'aujourd'hui le bilan de l'union sacrée de la nation est mitigé selon nous et pour aider le Président Félix Tshisekedi c'est l'Assemblée nationale qui devrait bien travailler. Cette Assemblée nationale est devenue aujourd'hui improductive, c'est donc un appel pour que nous députés nationaux, fassions mieux. Nous demandons au Chef de l'État Félix Tshisekedi de chercher à avoir la confiance du peuple congolais, trois ans sont passés sans un bilan positif, il est temps que le Président regagne la confiance du peuple congolais à travers une Assemblée nationale qui est réellement responsable, qui va accepter à ce que le gouvernement fasse son travail comme il faut, une Assemblée nationale qui va contrôler le gouvernement comme il faut pour que le Président puisse avoir un bilan tant soit peu parce que nous avons déjà perdu beaucoup de temps”, a-t-il fait savoir au cours d'une conférence de presse tenue lundi 28 février 2022 au siège national du parti politique Ensemble pour la République.
M. Iracan, député proche de Moïse Katumbi, reproche à Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale d'être à la base de l'inefficacité de l'action du gouvernement. Parmi les griefs lui imputés, Gratien Iracan évoque notamment la non-application des recommandations de la commission Défense et sécurité au sujet de l'état de siège, la gestion catastrophique des finances, et autres.
“On devait avoir un plan de sortie pour l'état de siège, on est à plus de 15 prorogations sans un résultat et cette commission de défense et sécurité elle-même avait montré que le bilan de l'état de siège était mitigé, les recommandations de cette commission votées par l'Assemblée plénière sont jetées dans la poubelle, c'est même l'outrage envers l'Assemblée nationale, cela exige des sanctions”, a souligné l’élu de Bunia.
Et d’ajouter: “Le pays est dans une misère totale, quand vous sillonnez les différentes provinces y compris la ville de Kinshasa la population est aux abois, la population ne sait plus vivre par l'irresponsabilité de l'Assemblée nationale surtout à travers la tête l'honorable Président Christophe Mboso qui est en train de gérer toutes les initiatives qui pouvaient permettre à ce qu'on fasse le contrôle du gouvernement et pour que le pays aille de l'avant. Aujourd'hui la gratuité de l'enseignement est un fiasco, le secteur de la santé ne marche plus trop de revendications, il y a un problème sérieux de gestion dans ce pays, c'est l'Assemblée nationale qui devrait aider le pays à aller de l'avant mais cette Assemblée nationale ne sait plus travailler parce qu'il y a une incompétence au niveau de la présidence de l'Assemblée nationale, les débats ne sont plus faits comme il faut, une Assemblée nationale qui n'encadre pas le gouvernement qui est son émanation”.
64 millions USD en 15 mois
Selon Gratien Iracan, Christophe Mboso près de 64 millions USD ont été mis à,la disposition de M. Mboso pendant 15 mois, mais cet argent n’a pas été correctement dépensé.
“Le président de l'Assemblée nationale a géré près de 64 millions USD durant 15 mois de fonctionnement pour permettre que les élus fassent leur travail comme il faut, avec des missions sur terrain. Mais aujourd'hui le résultat n'est pas approprié, à quoi ont servi ces frais du contribuable congolais ?”, s'est-il interrogé.
Par ailleurs, il a invité ses collègues députés à prendre leurs responsabilités.
“Nous demandons donc aux honorables députés nationaux d'être prudents, et de beaucoup travailler pour tirer au clair la gestion politique et administrative de l'Assemblée nationale, dans deux semaines nous commençons la nouvelle session au mois de mars, c'est une session où le bureau doit rendre compte de sa gestion, c'est une session avec beaucoup d'enjeux politiques et donc nous demandons à tous les députés d'être responsables et de pouvoir se désolidariser du Président Christophe Mboso qui, aujourd'hui a démontré ses limites dans la gestion de l'Assemblée nationale. Nous demandons au peuple congolais de pouvoir saisir l'occasion pour faire pression sur les élus, nous ne pouvons pas beaucoup travailler si nous n'avons pas des pressions de la part de la population (...) Une Assemblée nationale qui ne fait pas son travail, dont les résultats sont bloqués pour ne pas être exécutés, une Assemblée dont le contrôle parlementaire, les moyens d'informations sont bloqués, n'a plus son sens”, a-t-il déploré.
Il ne s'agit pas de la première sortie de Gratien Iracan contre Christophe Mboso, Président de l'Assemblée nationale. D'après lui, plusieurs de ses collègues ont déjà signé la pétition qu'il a initiée contre l'actuel président de l'Assemblée nationale.
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Clément Muamba