Le député national Lucain Kasongo juge court le délai « ultime » accordé par le bureau de l’Assemblée nationale aux confessions religieuses en vue de dégager un consensus autour de la désignation du candidat Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et un membre de la plénière de cette institution. Haut cadre du FCC et secrétaire permanent adjoint du PPRD de Joseph Kabila, cet élu estime que tant qu'il n'y aura pas de consensus autour de cette question, sa famille politique n'est pas concernée par le processus.
Il explique que le président de la CENI est la pièce maîtresse dans le processus électoral et par ricochet, il doit rassurer toutes les parties prenantes.
« C'était un délai stratégique, un délai qui ne tiendra pas debout. Lors de la sortie médiatique du Président de la République aux États-Unis, il avait dit qu'il avait déjà instruit le président de l'Assemblée nationale Christophe Mboso, donc nous ne nous attendions à rien parce que l'instruction avait été déjà donnée, qu'est-ce qu'on va attendre de ça ? Quand on a invité les six confessions religieuses, la réaction dans leur lettre est qu’elles ne sont pas là pour le consensus, elles sont là pour le forcing, donc nous ne nous attendons à rien dans ce qui va sortir de ce délai-là », a dit lundi 4 octobre à ACTUALITE.CD, Lucain Kasongo.
Et de poursuivre :
« Notre position est toujours et bien connue, nous avons dit que lorsqu'il n'y a pas de consensus, nous sommes non partants dans ce processus. On ne peut pas aller lorsqu'il n'y a pas un président consensuel qui doit rassurer tout le monde. Si tout le monde émet des réserves, c'est pour que nous ayons un président de la CENI consensuel qui va rassurer toutes les parties prenantes, pour que nous allions aux élections crédibles, transparentes démocratiques et apaisées. Le président de la commission électorale nationale indépendante est la pièce maîtresse dans la crédibilisation et l'indépendance de la CENI. Donc s'il y a des doutes sur son indépendance, comment ça peut rassurer les autres composantes ? »
Conformément à la charte de la plateforme des confessions religieuses, Lucain Kasongo rappelle qu’en cas de manque de consensus, l’élection doit être organisée en vue de désigner les candidats.
« La voix de la majorité ne prime que lorsqu'il y a eu élection, la charte est claire à ce sujet, lorsqu'il n'y a pas de consensus, on organise les élections mais au niveau des confessions religieuses il n'y a jamais eu organisation des élections et c'est le président de la composante confessions religieuses, Mgr Marcel Utembi de la CENCO ou son vice-président, le président de l'ECC qui n'ont jamais organisé les élections (…) donc tout est fait en violation de la charte, en violation du règlement de l'Assemblée nationale et de la loi portant organisation et fonctionnement de la commission électorale nationale indépendante, ça ne nous engage pas ».
Le dernier ultimatum du président de l'Assemblée nationale Christophe Mboso lancé aux confessions religieuses pour désigner le candidat président de la CENI et un membre de la plénière n’a pas produit des résultats escomptés. Le processus est resté au point mort où chaque camp a maintenu sa position. Les six confessions religieuses disent avoir désigné un candidat, et c’est le nom de Denis Kadima qui est évoqué. Cette décision est rejetée par deux autres confessions religieuses : la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui estiment que le candidat choisi est proche de l'actuel régime, et ne sera pas neutre. La balle est désormais dans le camp de l'Assemblée nationale pour départager les deux camps.
Clément Muamba