13 août 2004 -13 août 2025, cela fait exactement 21 ans depuis le massacre perpétré dans le camp de Gatumba à la frontière entre la République Démocratique du Congo et le Burundi. Il s'agit là d'une tragédie qui a coûté la vie à plus de 150 réfugiés congolais de la communauté Banyamulenge.
À cette occasion, plusieurs manifestations ont été organisées à travers le pays. À Kinshasa, cette activité a permis à cette communauté de rappeler la nécessité de rendre justice aux victimes pour mettre fin aux cycles des violences. Pour Alexis Gisaro Muvuni, ministre d'État, ministre de l'Urbanisme et Habitat, les souffrances endurées par sa communauté ne doivent pas être exploitées par des puissances étrangères, notamment le Rwanda.
" Tant que la vérité sera étouffée, tant que la justice ne sera pas rendue, les cycles des violences reviendront, attisées par ceux qui utilisent malheureusement les différences comme des armes et non pas comme une richesse. Aujourd'hui, cette même communauté, celle des survivantes de ce massacre de Gatumba est encore une fois prise en otage dans un conflit qui dure depuis des décennies dans notre sous région. C'est l'occasion pour moi d'affirmer que notre communauté a besoin de paix, elle refuse que les souffrances qu'elle a pu endurées soient instrumentalisées ou exploitées par des puissances étrangères tel que le Rwanda pour ne pas le citer ou par des politiciens en mal de position pour justifier et alimenter des guerres à l'Est de notre pays ", a dit Alexis Gisaro, membre de la communauté Banyamulenge.
Présent également à cette activité, le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya a rappelé qu'en ce jour de recueillement, le gouvernement de la s'incline devant la douleur de toutes les familles éprouvées. À l'en croire, ce jour le pays honore avec une profonde émotion les victimes innocentes de ce massacre ou plus de 160 Congolais ont été "lâchement" assassinés.
" La commémoration d'aujourd'hui est aussi une occasion pour nous de nous dire que chaque vie perdue à Gatumba où toutes les vies perdues aujourd'hui du fait de l'agression rwandaise avec ses complices internes constituent des blessures pour la nation. De Gatumba à Kishishe, de Binza aux innombrables villages martyrs, c'est le même sang des Congolais qui coulent. Ces tragédies nous rappellent une vérité essentielle quelque soit nos origines nous partageons tous une même terre, une même histoire et tous une même aspiration à la paix ", a déclaré Patrick Muyaya, Porte-parole du gouvernement.
Une occasion également pour lui de réaffirmer la volonté et la détermination du président de la République à protéger toutes les communautés de la RDC sans distinction.
" Face à ces crimes, le président de la République et son gouvernement réaffirment cet engagement quotidien avec force à protéger tous ses citoyens sans distinction et à poursuivre sans relâche les efforts pour que la justice soit faite. C'est ici l'occasion pour moi de saluer la mobilisation de la Communauté Banyamulenge en soutien aux efforts pour le retour de la paix. Votre communauté a choisi de dire à haute voix non à ceux qui pensent pouvoir prétexter sa protection pour tuer les membres d'une autre communauté et cet engagement que vous avez manifesté notamment à travers l'organisation de cette célébration parce qu'on ne se souvient pas simplement des victimes de Gatumba mais on se souvient parce que nous tous avons le sang congolais de toutes ces autres victimes et la quête pour la paix que partage le président de la République qui est appuyé aussi par votre communauté est une quête qui devait être portée par tous les congolais d'où qu'ils se trouvent ", a martelé le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Selon HWR, en date du 13 août 2004, des combattants armés, la plupart d’entre eux appartenant au Front National de Libération (FNL) ont massacré au moins 152 civils congolais et blessé 106 d’entre eux, dans le camp de réfugiés de Gatumba, près de Bujumbura, capitale du Burundi. Le FNL est un mouvement rebelle Hutu connu pour son hostilité aux Tutsi. Les victimes du massacre étaient principalement Banyamulenge, un groupe qui a souvent été assimilé aux Tutsi, mais ce massacre représente plus qu’un nouveau cas de massacre ethnique dans une région déjà connue pour des drames de ce genre.
Selon toujours HWR, cette attaque intervient, en effet, à l’intersection de deux processus de paix fragiles et souligne, sinon aggrave, le climat de tension politique qui perdure au Burundi et en RDC. Les prétendants au pouvoir de ces deux pays, ainsi que les protagonistes de ces conflits transfrontaliers ont immédiatement essayé de s’approprier le massacre pour servir leurs propres desseins politiques. Ce faisant, ils ont augmenté le risque d’un nouveau conflit armé et en corollaire, celui de nouveaux massacres contre des civils.
Clément MUAMBA