La réouverture prochaine de l’aéroport international de Goma, dans la province du Nord-Kivu, fait partie des engagements annoncés par le président français Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée à Paris en coordination étroite avec le Togo, médiateur de l’Union africaine (UA) sur les Grands Lacs.
Interrogé sur les garanties obtenues pour cette réouverture et sur les acteurs impliqués dans le processus, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a indiqué que la France a donné “l’impulsion” nécessaire et que la suite se déroulera dans le cadre de la médiation qatarie, en référence au processus de Doha.
“Il est important et essentiel de lever les financements internationaux pour apporter des réponses aux populations qui traversent de grandes épreuves et de terribles souffrances. Encore faut-il que les travailleurs humanitaires puissent exercer leur mission dans des conditions sécuritaires acceptables. Le Président de la République a rappelé tout à l’heure que treize d’entre eux ont perdu la vie depuis le début de l’année. Il faut donc que les voies d’accès soient ouvertes”, a déclaré Jean-Noël Barrot devant la presse, jeudi 30 octobre 2025, aux côtés de son homologue togolais.
Et d’ajouter :
“C’est la raison pour laquelle les médiateurs américains et qataris, de même que les autorités congolaises et rwandaises, souhaitent que ces voies puissent s’ouvrir pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire aussi massivement que possible. Cette conférence internationale a été l’occasion d’accélérer les discussions sur ce sujet, qui vont se poursuivre dans le cadre de la médiation qatarie, avec une impulsion nouvelle donnée ici, depuis Paris.”
Lors de l’annonce, le président français Emmanuel Macron a qualifié cette décision d’“acte concret attendu par les populations de l’Est de la RDC”, tout en saluant le rôle des médiateurs régionaux et internationaux.
"C’est un signal concret, attendu et nécessaire pour les populations. Je sais combien mes amis en charge de la médiation qatarie et américaine sont attachés à veiller au bon respect de cette réouverture et à ce que toutes les conditions puissent l’accompagner. Je veux les en remercier au-delà de leur présence. Les prochains jours seront actifs sur tous ces sujets. La France restera engagée aux côtés des États de la région avec lesquels nous partageons des liens humains, linguistiques et culturels”, a souligné Emmanuel Macron.
Le chef de l’État français a précisé que cette réouverture se fera dans le respect de la souveraineté congolaise et concernera avant tout des vols et corridors humanitaires sécurisés, destinés à faciliter l’acheminement de l’aide vers les zones affectées par le conflit.
"S’agissant de l’accès humanitaire, nous avons acté d’œuvrer, dans les prochaines semaines, à la réouverture de l’aéroport de Goma pour des vols humanitaires — deux jours par semaine, avec de petits gabarits compte tenu des contraintes logistiques. Ces accès sont indispensables et seront réalisés dans le respect de la souveraineté congolaise afin que les premiers vols humanitaires puissent reprendre sans délai. Ils seront également complétés par des corridors humanitaires, notamment depuis le Burundi”, avait annoncé le président français Emmanuel Macron
En réaction, la rébellion de l’AFC/M23, par la voix de son coordonnateur politique Corneille Nangaa, s’est dite “étonnée” par cette annonce, la jugeant “inopportune” et “déconnectée de la réalité du terrain”. L’ancien président de la CENI a dénoncé une décision prise “sans aucune consultation préalable” avec son mouvement politico-militaire. Le coordonnateur de l’AFC/M23 a également critiqué ce qu’il appelle “les pratiques des lobbys humanitaires” qui, selon lui, “se nourrissent de la détresse des populations prétendument déplacées”.
À Kinshasa, la décision issue de la Conférence de Paris a, en revanche, été accueillie favorablement. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a rappelé que la réouverture de l’aéroport de Goma se fera uniquement sur autorisation des autorités congolaises, et exclusivement pour des vols humanitaires effectués en journée."Pas d’agitation ni de marchandage”, a-t-il prévenu.
Organisée par la France en coordination avec le Togo, la Conférence de Paris visait à mobiliser la communauté internationale face à l’urgence humanitaire dans l’est de la RDC et à soutenir les efforts de médiation menés par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine.
Selon ses initiateurs, la rencontre a permis de renforcer le dialogue sur l’intégration économique régionale, considérée comme un levier essentiel pour une paix durable. Paris estime que cette conférence a offert à la communauté internationale une occasion concrète de réaffirmer son engagement en faveur de la paix, du développement et de la stabilité dans la région des Grands Lacs, au bénéfice direct des populations locales.
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Clément MUAMBA