Opération Ndobo : polémique autour de la condamnation du jeune Dieu Ndombasi Kiala

Foto
Des kulunas arrêtés à Kinshasa

Dans un communiqué daté du 8 janvier, le ministre d’État chargé de la Justice et Garde des Sceaux s’est exprimé au sujet de Dieumerci Ndombasi Kiala, actuellement transféré à la prison d’Angenga dans le cadre de l’opération Ndobo. Constant Mutamba invite la juridiction saisie de l’appel à poursuivre l’examen de cette affaire, dont l’instance est en cours.

"Les informations en sa possession (Constant Mutamba, ndlr) font état de l’appel formé par Sieur KIALA le 20 décembre 2024 contre le jugement qui le condamne. Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux appelle à faire confiance à la juridiction saisie de l’appel, dont l’instance est en cours. Celle-ci aboutira, selon que les faits sont établis ou non, à la confirmation du jugement attaqué ou à l’acquittement de la personne mise en cause", peut-on lire dans ce communiqué.

Contexte

Ce communiqué fait suite à une vague de réactions sur les réseaux sociaux, contestant la condamnation de Dieumerci Ndombasi Kiala, présenté comme fanfariste à la poste de l’Armée du Salut Kabinda (commune de Kinshasa). Contacté par Actualité.cd, Benassi Ndombasi, l’un des proches du jeune homme, a relaté les faits :

"Mon frère est un jeune diplômé d'État en électricité générale. Il est choriste et fanfariste. Le samedi 7 décembre, il revenait d’une séance de répétition dans le cadre des festivités de fin d’année à l’Armée du Salut, où il priait. Ils ont fini très tard. Sur son chemin de retour, il a croisé une jeep de police surnommée 'Kabasele'. Alors qu’il poursuivait son chemin, ne redoutant aucun mal, il a été brutalement interpellé par des hommes en tenue civile. Ils lui ont arraché tous ses biens, y compris ses pièces d’identité et ses téléphones”, dit-il.

Cinq jours se sont écoulés sans aucune nouvelle de lui. Sa famille habite à Selembao, tandis que Dieu Ndombasi est locataire à Lingwala. Le 12 décembre, après que l’église a appris la nouvelle, “les responsables nous ont contactés”, dit le proche. Tous les jeunes arrêtés se trouvaient déjà au camp Lufungula, où le ministre de la Justice s’était rendu. “Nous nous sommes déplacés au camp pour demander à rencontrer les autorités sur place. Malheureusement, l’affaire avait été transférée à la justice militaire, et même Dieu était considéré parmi les “kulunas”.

Dans ces conditions, la famille et l’église se sont engagés sur tous les fronts. Vidéos, communiqués et autres moyens ont été mis à profit pour la libération du jeune homme. Cependant, il sera transféré à la prison de haute sécurité située dans la province de la Mongala. Ce transfert est le fruit des opérations « Ndobo » Hameçon et “Zéro Kuluna” , menées par la police à Kinshasa pour lutter contre les gangs urbains. “Nous avons engagé des démarches de réclamation qui n’ont pas abouti. Le procès a été ouvert et a duré cinq jours. Il a été jugé comme les autres et condamné à cinq ans de prison. Le juge président nous a recommandé de faire un recours pour que son cas soit réexaminé. Après près de trois semaines passées à la prison du camp policier, nous avons appris, le mardi suivant, qu’il n’y était plus. Le mercredi 1er janvier, aucune action n’était possible. Nous avons poursuivi nos démarches. Cependant, alors même que nous travaillions sur ce recours, nous avons été surpris d’apprendre son transfert à la prison d’Angenga. À ce jour, nous poursuivons nos démarches. C’est vraiment pénible de voir tout ce qu’il subit sans avoir commis de délit. Il avait un casier judiciaire vierge jusqu’à son interpellation. C’est très éprouvant." , a-t-il plaidé. 

Il faut noter que lundi dernier, le ministre d'Etat a annoncé au cours d’un briefing que plus de 300 bandits ont été condamnés à l’issue des audiences. Par ailleurs, tout en sensibilisant la population contre le phénomène KULUNA, le ministre a rappelé dans son communiqué que "l’appartenance à une confession religieuse ne suffit pas pour disculper quiconque serait mis en cause comme étant acteur de ce phénomène".

(Re) Lire : Opération «Ndobo» : plus de 300 bandits condamnés à l'issue de plus de 11 audiences foraines organisées

Prisca Lokale