RDC : des jeunes de six communes de Kinshasa ont participé à une session de discussions autour des droits en santé de la reproduction

Photo/ Actualité.cd
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Du 12 au 20 juin dans la capitale de la RDC, au moins 150 jeunes dont l’âge est compris entre 15 et 30 ans ont pris part à une série de dialogues communautaires. Organisée par l’ONG Ipas en partenariat avec des organisations juvéniles, l’objectif était d’évoquer les droits et l’accès aux services de santé sexuelle et reproductives ainsi que parler du ChatBot Nurse Nisa.

 
Avant de lancer la discussion, les jeunes, en majorité des adolescentes, sont soumis à un pré-test. Ils doivent faire part de leurs connaissances autour des droits des femmes, de la contraception, de l’avortement ou de ce que disent les textes des lois sur les mêmes questions en RDC. Les formateurs issus des zones de santé, du Programme National de santé de la Reproduction (PNSR), de la Société congolaise de la Pratique Sage-Femme (SCOSAF) ou de IPAS exposent leurs modules. Vient ensuite la séance des questions et réponses, avant le post-test qui permet d’évaluer les connaissances des participants. 


Jenovie Kabila a  23 ans. Étudiante à l’Institut Supérieur des Techniques Médicales (ISTM) et membre du collectif des organisations œuvrant dans l’encadrement des jeunes de la Tshangu (l’un des quatre districts de Kinshasa) a fait part de l'expérience d'une de ses connaissances. 


« Dans nos quartiers, il se passe beaucoup de choses. Dans une parcelle voisine à mon domicile, une jeune femme a été victime de viol. Les rumeurs ont circulé disant qu’elle était enceinte. Cela était connu de tout le quartier. Elle a un fils qu’elle déteste et nous pouvons tous le constater. Elle maltraite cet enfant depuis sa naissance et le frappe constamment. Son souhait était de se faire avorter. Mais sa famille s’y est opposée, l’église aussi. Je crois que si j’avais cette information autour des avortements sécurisés dans le cadre de la loi en RDC, si je savais qu’elle était dans ses droits pour soumettre son désir auprès des institutions sanitaires de l’Etat, je lui en aurais parlé. Je sais désormais ce que dit la loi congolaise sur les violences sexuelles, sur les droits en santé de la reproduction et que faire lorsqu’on a été victime de viol », a-t-elle confié. 


« Lorsque je suis arrivé à cette formation, j’avais des préjugés autour de la santé et des droits sexuels. J’ignorais le pouvoir qu’une femme peut avoir sur son corps, ni le droit qu’elle avait de solliciter des services d’avortements selon le contexte du protocole de Maputo. C’est depuis 2018 que cette disposition a été publiée dans le journal officiel. Le ChatBot Nurse Nisa me permet aussi d’entrer en contact avec une infirmière virtuelle qui répond à toutes nos préoccupations autour de ces questions, y compris la contraception. Je suis suffisamment outillé. Je partagerai ces connaissances avec mon entourage et ma famille pour que les vies des jeunes femmes soient épargnées » a affirmé Omer Mwamba diplômée en Mécanique Générale.  


Six communes touchées


Gracia Bukasa est responsable adjointe de l’Unité Engagement communautaire et Jeunesse chez IPAS. Elle explique que plus de 140 jeunes ont été touchés à travers ces dialogues. 


« Nous avons été à Bandalungwa, Selembao, N’djili, Matete, Ngaliema et Limete. Nous avons réussi à atteindre 142 jeunes invités aux échanges sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes à l’égard des jeunes femmes et adolescentes, de la contraception, l’avortement et parler de l’application Nurse Nisa, pour ainsi briser les tabous autour de l’avortement. Que ce soit au niveau des églises ou des écoles, les rencontres se sont tenues dans un cadre pouvant permettre aux jeunes de se sentir libres de partager leurs points de vue et d’acquérir des nouvelles connaissances. Les pré tests et tests nous ont permis d’évaluer leur savoir », a-t-elle dit. 

Après cette étape, renchérit-elle, IPAS va entamer le même type de rencontres avec les adultes, c’est-à-dire, des hommes et femmes âgés de 30 ans à X âge. Les objectifs restent les mêmes. Et pour clôturer le projet, « nous aurons un dialogue intergénérationnel. Il va réunir tous les âges autour des mêmes questions ». 

Il faut noter que IPAS s’appuie sur une étude réalisée par l’Ecole de Santé Publique sur l’incidence et conséquences pour la santé de la femme à la suite de l’avortement provoqué à Kinshasa (2016).

L’étude a estimé que deux grossesses sur 5 se sont terminées par un avortement avec une moyenne de 146700 avortements par an soit littéralement 400 avortements par jour et 17 par heure.

La même source indique que le pourcentage de grossesses non désirées qui se terminent par un avortement est estimé à 43% et que près de 2/3 de ces femmes ayant subi un avortement dans les conditions non sécurisées   ont souffert des complications allant de modérées à graves.

Prisca Lokale