La République Démocratique du Congo s'est engagée à se doter d'une politique nationale de justice transitionnelle. C'est dans ce contexte que Fabrice Puela, ministre des Droits Humains et sa collègue de Justice, Rose Mutombo ont procédé, ce lundi 24 octobre à Kinshasa, à l'ouverture officielle des travaux du comité scientifique nouvellement mis en place pour élaborer cette politique nationale de justice transitionnelle.
Selon le professeur Luzolo Bambi Lesa, Président de ce comité scientifique, la mise sur pied d'une politique nationale de justice transitionnelle permettra au pays de faire face à des exactions massives commises dans le passé et celles qui se commettent actuellement notamment dans la partie Est de la RDC, en vue d'établir les responsabilités, de rendre justice, de permettre la réconciliation et d'obtenir des garanties de non-répétition.
"Il s'agit de mettre sur pied une politique nationale de justice transitionnelle pour essayer de résorber cet impasse des nombreuses morts que nous avons au pays. 6 à 10 millions des morts depuis 30 ans, sans qu'une solution d'Etat puisse être prise. Voilà pourquoi, les dirigeants en particulier le Chef de l'État ont décidé de mettre en place une politique nationale de justice transitionnelle. Il s'agit d'une feuille de route gouvernementale d'opérationnalité permettant aux 4 étapes de la justice transitionnelle au Congo d'avoir lieu. Il s'agit notamment de : 1° Comment faire en sorte que la vérité soit assumée par le peuple congolais; 2° Comment organiser la redevabilité pénale, c'est-à-dire les poursuites judiciaires de tous ceux qui ont été accusés de 4 grands crimes internationaux ; 3° Comment essayer d'apporter une réponse nationale à ces millions des victimes de la RDC ; 4° Comment le gouvernement peut prendre des mesures efficaces sur le plan institutionnel de manière telle que les conflits armés s'arrêtent en RDC", explique le Professeur Luzolo Bambi.
L'ancien ministre de la justice estime qu'il est difficile pour la RDC d'aspirer à l'Etat de droit sans une justice transitionnelle. Il est également pour le renforcement de l'état de siège à l'Est de la RDC.
"On ne peut pas construire un État de droit sur le cendre des millions des morts. La particularité du travail d'aujourd'hui, c'est aussi un appel des voeux collectifs pour évaluer possiblement l'Etat de siège. C'est aussi l'occasion de comprendre que l'Etat de siège est une réponse sécuritaire qui entre dans le cadre de la justice transitionnelle. Il faut maintenir l'Etat de siège mais il faut simplement le corriger en y mettant en place une véritable politique pratique de la justice transitionnelle. Nous voulons apporter une réponse concrète aux milliers des victimes qui se comptent dans notre pays", a-t-il renchéri.
La justice transitionnelle est un ensemble des mécanismes mis en œuvre pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d'établir les responsabilités, de rendre justice et de permettre la réconciliation. Cette justice devrait se focaliser sur les violences sexuelles et atrocités des crimes commis dans l'Est de la RDC.
Jordan MAYENIKINI