La situation sécuritaire dans le territoire de Nyiragongo et la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu demeure toujours préoccupante. Ce constat a été fait dans le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Selon le rapport qui couvre la période du 1er juin au 30 juin 2025, le contexte sécuritaire est resté globalement calme à Goma, mais la criminalité urbaine demeure préoccupante. Des cas fréquents d'assassinats, de braquages, de cambriolages et d'agressions sont rapportés au quotidien.
"En juin, au moins 10 civils ont été tués par des éléments armés dans plusieurs quartiers de la ville, selon des partenaires locaux. Par ailleurs, le contexte sanitaire reste tout aussi préoccupant dans la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo, avec un nombre croissant de cas de Mpox enregistré dans les zones de santé de Goma, Karisimbi et Nyiragongo. Les partenaires humanitaires alertent sur la réduction des capacités de prise en charge due au manque de financement. Au 30 juin, la province a rapporté 6 313 nouveaux cas de Monkeypox dont environ 50% proviennent de Goma et Nyiragongo", rapporte le rapport.
Selon le même document, une recrudescence des attaques contre les civils a été observée au cours du mois de juin dans le territoire de Lubero.
"Dans la nuit du 3 au 4 juin, des hommes armés ont attaqué une structure de santé à Kanyabayonga, au Sud Lubero. Au cours de cette attaque, au moins deux patients ont été enlevés et quatre personnes ont subi des violences sexuelles. Par ailleurs, dans la nuit du 20 au 21 juin, des éléments d'un groupe armé ont fait incursion dans le village de Kironge et ses environs, occasionnant le déplacement de 1364 ménages vers Kanyabayonga, Miriki et Luofu", ajoute OCHA
Plus au Nord de Lubero, dans la nuit du 8 au 9 juin, poursuit le rapport, des attaques meurtrières attribuées aux présumés ADF dans deux sites miniers du secteur de Bapere ont causé la mort de 35 civils. Ces représailles surviennent après plusieurs opérations menées par les forces armées congolaises (FARDC) et ougandaises (UPDF) dans la même région. Depuis le 28 juin 2025, des affrontements armés ont éclaté à Muhola, dans la ZS de Musienene, opposant des groupes armés à la coalition FARDC-UPDF. Ces combats ont forcé des populations à se déplacer vers des localités considérées plus sûres, notamment Mambira-Centre, Muhangi, Vusamba et Butembo.
Toujours dans cette zone un calme relatif est observé au mois de juin dans le territoire de Beni, avec une baisse en intensité des attaques des ADF. Cependant, le 15 juin 2025, des accrochages ont opposé deux groupes armés à Ngazi (zone de santé de Mabalako). " Il s'agit des mêmes factions qui s'étaient affrontées en février et mars 2025, avant qu'une trêve négociée par les notabilités locales ne soit conclue", souligne le rapport.
Depuis début janvier de l'année en cours, l'escalade du conflit et l'intensification des attaques du M23 au Nord et au Sud-Kivu ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant la crise humanitaire et mettant à rude épreuve des ressources déjà rares. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que la fermeture des routes et l'insécurité restreignent encore davantage l'accès humanitaire.
La situation à Goma, capitale du Nord-Kivu, et dans ses environs, où 700 000 personnes ont déjà été déplacées, reste très instable. L'avancée du M23 au Sud-Kivu crée un dangereux vide sécuritaire, forçant les personnes déplacées à fuir à nouveau, leurs camps étant détruits. Ces incidents interviennent alors que les délégués du gouvernement et de l'AFC/M23 séjournent à Doha sous la médiation du Qatar en vue de parvenir à la signature d'un accord de paix.
Clément MUAMBA