A travers une note circulaire signée par le secrétaire général du ministère de l’éducation nationale, le gouvernement congolais a décidé de mettre fin à l’exclusion des élèves enceintes en milieu scolaire, en vue de se conformer aux engagements nationaux et internationaux en faveur de l’éducation inclusive et de l’égalité de genre.
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L’ancien vice-ministre du budget Félix Momat, de surcroît gynécologue-obstétricien, a salué une décision qui, non seulement cadre avec les standards établis par l’UNICEF, l’UNESCO, l’OMS et l’ONU Femmes mais dont le non-respect viole les objectifs de développement (ODD 4 et 5), axés sur accès équitable à une éducation de qualité et sur l'égalité entre les sexes.
« Autoriser le maintien en classe des élèves enceintes est une obligation légale et morale, qui découle directement des engagements internationaux de la RDC en matière de Droits de Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR), et s’aligne sur les standards établis par l’UNESCO, l’UNICEF, l’OMS et l’ONU Femmes. Refuser ce droit, c’est violer les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 4 (accès équitable à une éducation de qualité) et l’ODD 5 (égalité entre les sexes), que le pays a officiellement adoptés. Mais une décision politique n’a de valeur que si elle se traduit en actes concrets. Or, à ce jour, rien ne laisse penser que cette annonce échappera au sort réservé à tant d’engagements proclamés, jamais appliqués », écrit-il.
Félix Momat propose une « stratégie cohérente » se reposant sur 4 piliers dont l’éducation sexuelle complète et des sanctions contre les auteurs forfaits en milieu scolaire, indiquant que cette mesure, sans un « système d’accompagnement rigoureux ni mesures concrètes de soutien, de prévention et de réparation, exposent les filles et trahissent les engagements nationaux comme internationaux ».
« Mais pour que cette décision produise des effets réels et durables, elle ne peut rester Elle doit s’inscrire dans une stratégie cohérente d’accompagnement, articulée autour de quatre piliers fondamentaux : une éducation sexuelle complète, accessible et culturellement adaptée ; une prise en charge psychosociale soutenue pour les élèves concernées ; des sanctions claires et systématiques contre les auteurs de grossesses en milieu scolaire ; et enfin, une sensibilisation communautaire intense, capable de transformer durablement les mentalités et de faire reculer la stigmatisation », estime Momat Kitenge.
Il ajoute que « exclure une fille enceinte, c’est la punir deux fois : d’abord pour une grossesse souvent survenue dans des conditions de vulnérabilité, de contrainte ou de violence ; ensuite, en l'expulsant du seul espace susceptible de lui offrir un avenir : l’école. Cette double peine institutionnalisée alimente le repli, le silence, l’abandon scolaire et pousse, dans l’ombre, vers l’avortement clandestin », appelant à changer les structures, protéger les victimes, encadrer les enseignants, mobiliser les familles et les communautés, et à débloquer les moyens nécessaires, sous peine d’assister à un effet inverse : marginalisation renforcée, déscolarisation accrue, et banalisation de la violence sexuelle, a-t-il conclu.
Raïssa Malu, ministre de l’éducation nationale, insiste que rien ne peut justifier l’exclusion des filles enceintes à l’école dès lors que celles-ci désirent continuer. Elle invite, par ailleurs, tout établissement à faciliter leur maintien sans aucune exigence administrative discriminatoire, interpellant qu’aucune sanction ne sera donc tolérée en raison de grossesse.
Samyr LUKOMBO