La table ronde sur l'avenir de l'état de siège telle qu'annoncée par le Chef de l'État après une séance de travail avec les députés nationaux et sénateurs des provinces concernées devient hypothétique. Lors de la 57e réunion du conseil des ministres, le gouvernement a adopté le projet de loi d'habilitation du gouvernement qui une fois adopté lui permettra de légiférer pendant la période des vacances parlementaires sur un certain nombre des matières.
S'exprimant sur la question, le député national et Vice-président de la commission Défense et Sécurité de l'Assemblée nationale Jacques Djoli Eseng'Ekeli ne voit pas d'un mauvais œil la non tenue de cette table ronde. Il estime que c'est le Chef de l'État qui est Commandant Suprême des FARDC et maîtrise mieux la situation de terrain mieux que quiconque, l'objectif doit être l'aboutissement du rétablissement de l'autorité de l'État.
"C'est le Chef de l'État qui est le commandant suprême des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, celui qui finalement a la maîtrise de toute la situation les renseignements que des opérations, il faut qu'on puisse laisser à l'exécutif l'opportunité de récupérer cette situation. Vous savez que l'état de siège où l'état d'urgence ne sont pas des états hors la loi ce sont des mesures d'encadrement juridique qui ne reposent que sur des questions militaires donc 15 jours, nous allons probablement donner 3 mois mais je crois que ce qui importe pour la population congolaise c'est là restauration de la paix, ce qui importe pour la population congolaise c'est la fin des hostilités et l'écrasement de ces groupes armés, vous voyez ce qui se passe avec les mouvements des populations, des enfants, des écoles qui sont bombardées, nous devons nous préoccuper d'abord sur cette question que sur des considérations juridico politique c'est ce qui compte c'est la riposte, c'est la frappe", a-t-il dit au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD dimanche 12 juin 2022.
Et de poursuivre :
"Le schéma programmatique arrêté par le Chef de l'État et les députés du Nord-Kivu et de l'Ituri prévoyait effectivement une table ronde qui devrait nous amener vers la requalification de l'état de siège mais je crois que les données sur terrain évoluent de manière particulière avec ce combat autour de Goma, dans le Rutshuru et aujourd'hui à Bunagana, cette situation nous appelle à une analyse sereine de la situation et particulière aussi sans compter aussi qu'il y a l'action diplomatique au niveau de la région avec la réunion des Chefs d'État major général et d'autres aspects diplomatiques, je crois que c'est tout ses éléments qui font que puisque la session se termine déjà le 15 juin donc dans trois jours il est d'une importante responsabilité de dégager une nouvelle perspective de prendre en compte ce soucis de rentrer dans un schéma routinière mais aussi de prendre en compte l'évolution particulière de la situation opérationnelle".
À la question de savoir, une certaine opinion estime qu'en 2013, le M23 a été déjà battu sans état de siège, pourquoi vouloir le combattre seulement avec l'état de siège aujourd'hui ? Jacques Djoli dit comprendre tous ses collègues qui réfléchissent comme ça et demande encore un peu de patience.
"Oui, ils ont tout à fait raison les amis qui pensent de cette façon mais vous savez l'état de siège, c'était pas simplement une dimension militaire c'est-à-dire le déploiement d'une action militaire, il y a aussi la restauration de l'autorité de l'État alors donc pour démonter cette architecture et rentrer dans une architecture normale avec probablement un schéma opérationnel classique il y a nécessité d'avoir cas même un temps, je crois que le Chef de l'État est conscient donc il y a cet aspect là, il y a l'aspect humanitaire avec tous ces mouvements des populations qu'il faut prendre en charge, tout en comprenant les préoccupations des uns et des autres il faudra que nous ayons la capacité de nous lever et de dégager les responsabilités quel schéma peut nous permettre de saisir cette situation complexe qui est à la fois politique, administrative, militaire et diplomatique", a expliqué l'élu de Boende dans la province de la Tshuapa.
À la question de savoir, doit-on encore renforcer des mesures contre le Rwanda au regard de la résurgence du M23 qui ne faiblit pas toujours ? Jacques Djoli répond :
"Le M23 a été démontré que c'est un groupe armé par le Rwanda, il n'y a plus de doutes là dessus, il suffit de voir les matériels, les personnels qui combattent sur terrain, il suffit de voir sur le terrain ils quittent telle option vers Kibumba pour rentrer vers Bunagana, c'est ainsi que tirant des leçons du théâtre des opérations il faut que nous tous nous soyons dans une même perspective, évitez des mesures hâtives qui risquent de demonter ou démobiliser notre posture opérationnelle au contraire il faut la renforcer pour que finalement nous puissions détruire ce mouvement et convaincre ses parrains que la paix est intéressante pour tout le monde et qu'aucun État ne peut se développer à partir du pillage où sur la vulnérabilité de l'autre donc nos voisins de l'Est doivent comprendre qu'un Congo stable, un Congo rationnel est un élément de développement global et non un Congo fragilisé par des mouvements rebelles, c'est pourquoi j'ai dit que ce soucis d'alléger le processus, l'état de siège doit être, doit rencontrer aussi le soucis de résoudre toute la problématique sécuritaire global aussi bien opérationnelle que régionale",a-t-il recommandé.
Une fois que le projet de loi d'habilitation adopté au parlement, le gouvernement de la République va légiférer pendant 3 mois sur les matières telles que l'état de siège, le projet de loi sur la programmation militaire 2022-2025, la mise en place du cadre légal relatif à la promotion de l'entrepreneuriat, l'artisanat et la ratification de certains accords de coopération et de partenariat.
Clément MUAMBA