Dans le cadre de son projet « Canada-Monde : La voix des femmes et jeunes filles », l’organisation Journalistes pour les Droits Humains (JDH/JHR) RDC, en partenariat avec l’ONG Chari-Congo, a organisé le mercredi 23 juillet une table ronde réunissant des représentants de la société civile (OSC) et des acteurs étatiques. L’objectif principal était d’évaluer l’implication des femmes dans les processus de résolution des conflits en République démocratique du Congo, conformément à la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La rencontre, tenue à Kinshasa, visait à mobiliser les parties prenantes autour d’une évaluation concrète de l’application de ladite résolution, en vue de formuler des stratégies de plaidoyer efficaces pour une meilleure représentation des femmes dans la prise de décision, notamment en période de crise et de transition politique.
Dans son discours d’ouverture, Prince Murhula, gestionnaire pays de JDH/JHR, a rappelé que cette table ronde fait suite à un atelier tenu le 12 juin dernier, au cours duquel un constat préoccupant avait été dressé : la participation des femmes aux processus de paix demeure marginale, malgré leur rôle fondamental dans les dynamiques communautaires et leur vulnérabilité accrue face aux conflits.
« Cette initiative trouve toute sa pertinence dans le cadre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui reconnaît le rôle crucial des femmes dans la prévention et la résolution des conflits », a-t-il souligné, appelant à une action coordonnée entre les médias, la société civile et les institutions étatiques.
Il a également rappelé le rôle de JDH/JHR dans la formation des journalistes à une couverture sensible aux droits humains et dans la création d’espaces de dialogue, comme cette table ronde, visant à favoriser une gouvernance plus inclusive.
Pour sa part, le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Paul Nsapu, a exprimé son inquiétude face à l’exclusion persistante des femmes dans les négociations de paix, notamment celles en lien avec la situation dans l’Est du pays.
« Nous devons reconsidérer les processus actuels, y compris l’accord signé le 27 juin dernier. Très peu de femmes y ont été impliquées. Que ce soit dans les négociations de Doha ou dans les discussions avec les États-Unis, leur présence est quasiment absente. Nous avons régressé dans ce domaine », a-t-il affirmé, avant de conclure : « Quand les femmes s’impliquent, des solutions émergent. »
À l’issue de cette dynamique de concertation, les organisations de la société civile et les journalistes réunis ont publié une déclaration conjointe. Ils y dénoncent l’application partielle, voire inexistante, de la Résolution 1325 en RDC, malgré un contexte marqué par plus de trois décennies de conflits récurrents.
Le document rappelle que les femmes, premières victimes des violences et acteurs clés de la cohésion sociale, restent en marge des négociations de paix. « La femme doit utiliser sa position d’éducatrice pour implanter la culture de paix et de patriotisme dans sa communauté », peut-on lire dans la déclaration.
Les signataires de la déclaration ont émis une série de recommandations à l’endroit des principales parties prenantes :
- Au Gouvernement de la RDC : prendre des mesures urgentes pour l’implication effective des femmes dans les processus de résolution des conflits ; appliquer de manière rigoureuse la Résolution 1325 et les engagements de l’agenda Femme, Paix et Sécurité.
- À la communauté internationale : renforcer et soutenir activement l’inclusion des femmes dans les négociations de paix en RDC.
- aux OSC et médias : se mobiliser pour soutenir les efforts de paix et exiger la participation féminine à toutes les étapes de résolution de conflits.
Les participants ont également salué l’engagement du Président de la République pour la promotion de la femme, tout en soulignant que des efforts supplémentaires restent nécessaires pour traduire cet engagement en actes concrets.
Nancy Clémence Tshimueneka