Violences Mobondo : Jacquemin Shabani annonce un forum de paix dans les zones concernées

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Le VPM de l'intérieur Jacquemain Shabani

Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité, a annoncé vendredi 25 juillet, au Conseil des ministres, son intention d’organiser un forum de paix dans les zones touchées par l’activisme de la milice Mobondo. D’après le compte-rendu de la réunion, ce forum va s’inspirer du processus de paix intervenu dans la province de la Tshopo, pour aboutir à "un contrat de paix entre les populations affectées par la crise du phénomène Mobondo". Les provinces de Kinshasa, Maï-Ndombe, Kwilu et Kwango sont citées parmi les régions de l’Ouest du pays devant accueillir ce forum.

Cependant, cette annonce n’est pas nouvelle. Jacquemin Shabani l’avait aussi évoquée lors d’un meeting à la mi-mai à la tribune centrale de Kenge, chef-lieu de la province du Kwango, pour les mois de juin ou juillet de l’année en cours.

La société civile de Bandundu encourage l’initiative du patron de la sécurité tout en posant des préalables. Elle soulève notamment la question des acteurs devant prendre part à ces assises, des thématiques à aborder, ainsi que des implications de ce forum de paix sur la vérité et la justice attendues, aux côtés du processus d’identification des victimes amorcé par le FONAREV.

Pour le président de la société civile de Bandundu, les autorités traditionnelles, les miliciens, les acteurs politiques et de la société civile doivent être impliqués.

« Par acteurs clés, je vois les chefs coutumiers (Teke et Yaka), parce que ce sont eux qui ont commencé le problème. Dans cette catégorie, dans beaucoup d’activités auxquelles nous avons pris part, on a noté qu’il y a des vrais et des faux chefs. Les deux doivent y prendre part pour que la vérité éclate. Il y a aussi les acteurs politiques, parce que si l’insécurité persiste dans le plateau de Batake, il y a certainement la main noire qui est politique. Il y a aussi la société civile qui vit au quotidien avec la population. Mais pas n’importe quelle société civile », a déclaré Clément Tayeye, président de la société civile de Bandundu.

Ce forum de paix, est-ce un au-revoir à la justice, la vérité, la réparation ou à la mémoire des victimes ? La société civile est catégorique.

« Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans vérité. Parler de la justice et de la vérité, c’est aussi parler de la réparation. Les gens doivent comprendre où se trouvait l’erreur pour qu’on n’y revienne plus. Sinon, tout ce qu’on dira par rapport à la cohésion sociale ne sera que des vains mots, un coup d’épée dans l’eau, parce qu’on reviendra à la case départ avec l’insécurité », conclut Clément Tayeye.

Les tueries, les incendies, les pillages et les attaques sont devenus le quotidien de plusieurs territoires du Grand Bandundu, à la suite de l’activisme de la milice Mobondo depuis trois ans. 

Ce sera une quatrième initiative de résolution de la crise sécuritaire à l’Ouest, après les échecs de deux engagements signés notamment en 2024 par les chefs des miliciens, les autorités traditionnelles, etc. Il y a aussi eu la commission de pacification créée en décembre 2022, composée de chefs traditionnels, qui n’a pas produit les résultats escomptés.

Jonathan Mesa