En Afrique centrale et de l’Ouest, plusieurs femmes ont occupé le devant de la scène cette semaine. Malangu Kabedi Mbuyi au sein de la CADECO, Aminata Namasia au sein du FONAT, et Natasha Akpoti-Uduaghan au Nigeria illustrent chacune à leur manière les dynamiques de pouvoir, de résistance et de réforme en cours dans leurs pays respectifs.
RDC : Malangu Kabedi Mbuyi prend la tête du conseil d’administration de la CADECO
Après avoir marqué l’histoire comme première femme gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC), Malangu Kabedi Mbuyi entame un nouveau chapitre à la tête de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO). Elle a été nommée présidente du conseil d’administration de cette institution publique par ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale le 23 juillet.
Cette nouvelle orientation marque une continuité dans son engagement au service de la gouvernance financière du pays. Aux côtés du nouveau directeur général Mukeba Ntwabu Célestin et d’un conseil d’administration élargi, elle contribuera à piloter une institution au rôle stratégique. Créée en 1960 sous le nom de CADEZA, la CADECO a pour mission de mobiliser l’épargne nationale et de la réinjecter dans des projets à forte valeur sociale et économique : financement de l’habitat, soutien aux PME ou encore domiciliation des salaires des agents publics.
FONAT : Aminata Namasia entre au Conseil d’administration
La sénatrice congolaise Aminata Namasia a également été nommée cette semaine au Conseil d’administration du Fonds national d’aménagement du territoire (FONAT). Par cette décision présidentielle, elle rejoint un organe chargé de coordonner et d’orienter les politiques d’aménagement à l’échelle nationale.
Engagée depuis plusieurs années dans la jeunesse et l’éducation, Namasia renforce ainsi son implication dans les politiques structurelles du pays. Le FONAT joue un rôle clé dans la planification de l’utilisation du territoire, un enjeu central dans un pays aux vastes ressources mais confronté à des déséquilibres géographiques et démographiques importants.
Nigeria : la sénatrice Akpoti-Uduaghan empêchée d’accéder au Parlement malgré une décision de justice
Au Nigeria, une scène inhabituelle s’est déroulée mardi devant le Parlement fédéral à Abuja. Natasha Akpoti-Uduaghan, sénatrice suspendue après avoir accusé le président du Sénat de harcèlement sexuel, s’est vue refuser l’entrée malgré une décision de justice ordonnant sa réintégration.
Les images diffusées en direct par les médias locaux montrent des forces de sécurité empêchant l’élue d’accéder au bâtiment. Accompagnée de partisans, Akpoti-Uduaghan a dénoncé ce qu’elle considère comme une violation manifeste de l’autorité judiciaire. Son exclusion, officialisée pour une durée de six mois, avait suscité une large vague d’indignation dans la société civile nigériane, plusieurs organisations y voyant une atteinte grave à la liberté d’expression et à la dénonciation des violences sexuelles.
Cette affaire met en lumière les tensions persistantes autour de la place des femmes dans la vie politique au Nigeria, et plus largement, la difficulté pour les victimes de harcèlement d’obtenir justice dans les hautes sphères de l’État.
Regards croisés
Les parcours de Malangu Kabedi, Aminata Namasia et Natasha Akpoti-Uduaghan, bien que distincts, ont un dénominateur commun : une prise de position forte dans des domaines traditionnellement masculins ou politiquement sensibles. Qu’il s’agisse de gestion des finances publiques, de planification du territoire ou de dénonciation d’abus de pouvoir, ces femmes incarnent des formes d’engagement qui interrogent les rapports au pouvoir, à la justice et à la gouvernance.
Leur présence et leur action rappellent que l’accès des femmes aux responsabilités reste un enjeu majeur dans la consolidation démocratique et le développement économique de la région. Au-delà de leurs fonctions individuelles, elles symbolisent les mutations lentes mais réelles des structures politiques et institutionnelles africaines.
Nancy Clémence Tshimueneka