Eugène Banyaku Luape Epotu est une voix qui compte. Professeur ordinaire, ancien juge constitutionnel et ministre honoraire, il a traversé la scène politique congolaise de part en part. Son diagnostic est non seulement celui d’un homme avisé, mais d’un professionnel qui n’a pas sa langue dans sa poche. Son ouvrage « Perversion du jeu démocratique congolais par les méga-groupements politiques: inconstitutionnalité et disproportionnalité du poids politique » paru en 2021 aux éditions CEDIS est en même temps un témoignage et un appel à la prudence:
« J’ai eu le bonheur de participer au parlement de transition qui a élaboré la constitution. Il était convenu dans le débat qu’il ne fallait plus reprendre les regroupements politiques dans l’histoire du Congo. Je crois que les législateurs n’avaient pas tort. Le changement de majorité s’est faite si facilement à partir des fragilités des regroupements politiques », a t-il expliqué à Cléopatre Iluku, dans l’émission Objectif 2023 de ACTUALITE.CD
Il donne même un exemple: « On a l’illustration avec les élections de 2006. Joseph Kabila s’est retrouvé face à une difficulté. Le président élu avait constaté qu’il avait un défi face au Palu, son partenaire. Il a ensuite imaginé la Majorité présidentielle en regroupant plusieurs autres partis pour faire face à son associé, le Palu. A partir de ce moment, les jeux étaient faussés. Ces partis n’avaient aucune suffisante pour être membres de la coalition ».
Cette culture s’est davantage installée en 2011: « Cette logique a été renforcée en 2011. Ces partis étaient des coquilles vides et les regroupements politiques dans notre constitution ne peuvent même pas présenter des candidats ».
Et aujourd’hui, le poids de grandes formations politiques est loin de la réalité: « Le PPRD a 72 députés, cependant le PPRD et alliés ont presque 2020 députés. Le parti politique de Bahati a 17 députés, mais l’AFDC-A a 40 députés. Ce qui fait que l’UDPS qui a 32 députés vient loin derrière. C’est pareil avec le MLC qui a 17 députés. Pareil pour le Palu avec ses 16 députés. L’UNC également souffre dans cette configuration. Modeste Bahati avec ses 17 députés ne peut pas être majoritaire. C’est le PPRD qui est majoritaire ».
Et d’ajouter:
« Dans notre contexte, un regroupement ne tient pas compte de l’idéologie ou du projet de société. Vous avez comment la majorité a basculé en une semaine ».
Comment les regroupements politiques faussent le jeu politique ? Les explications du Pr. Banyaku Luape, ancien juge constitutionnel. Invité de Objectif 2023, programme électoral de ACTUALITE TV présenté par Cléopatre Iluku.
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