Violences sexuelles et atrocités dans l'Est : Mukwege a échangé avec Puela sur la nécessité d'une justice transitionnelle et d'un tribunal pénal international pour la RDC

Fabrice Puela et Denis Mukwege
Fabrice Puela et Denis Mukwege

Le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege a reçu lundi le ministre des droits humains Fabrice Puela à son hôpital de Panzi, à Bukavu, auprès de qui il a réitéré la nécessité de la mise en œuvre d’une justice transitionnelle et la création d'un tribunal pénal international pour la RDC afin de juger les auteurs des crimes graves commis dans l’est du pays.

« Nous pensons fermement qu'on ne pourra pas réparer ce qui s'est passé pendant 20 ans sans une justice transitionnelle. Nous croyons que la justice transitionnelle peut nous aider à reconstruire ce qui a été détruit pendant les deux décennies passées. Excellence Monsieur le ministre des droits humains, lorsque nous parlons de la justice transitionnelle, il faudrait que nous puissions utiliser tous les mécanismes de la justice transitionnelle parfois il y a ceux qui veulent nous amener à utiliser certains mécanismes et ne pas utiliser d'autres. Nous croyons fermement que si nous allons demander cette justice transitionnelle il faut que ça soit tous les mécanismes. Le mécanisme judiciaire et extrajudiciaire vont ensemble, on ne peut pas le séparer », a dit le Dr Denis Mukwege en présence du ministre des droits humains.

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Sur le plan pénal, Denis Mukwege justifie l'importance d’un  tribunal international par le fait que la guerre est de dimension internationale.  

« Nous pensons que c'est seulement un tribunal pénal international pour le Congo qui peut avoir des compétences pour juger aussi les congolais s'ils ont commis des crimes que des étrangers qui ont commis des crimes en RDC. À défaut, nous pensons qu'on peut avoir un tribunal hybride qui, serait autorisé par le conseil de sécurité comme on a eu en Sierra Leone, c'est un modèle qu'on peut avoir. Mais nous pensons que ces deux types de tribunaux peuvent être soutenus par des chambres spécialisées mixtes puisque si le tribunal pénal peut s'occuper des commanditaires, il faudra absolument que nous ayons des chambres spécialisées mixtes qui peuvent s'occuper de ceux qui ont commis des crimes ou certains qui ont exécuté des mauvais ordres. Des chambres spécialisées à notre avis peuvent aussi permettre à la République Démocratique du Congo de commencer à reconstruire son système de justice qui a été très secoué par les 20 ans des conflits », a-t-il ajouté.

Il dit croire à la volonté du gouvernement afin de rétablir la République Démocratique du Congo dans ses Droits. Il insiste sans la justice, il n'y aura pas la paix.

Félix Tshisekedi avait également soutenu en Conseil des ministres l’idée de mettre en place une justice transitionnelle pour réparer les crimes commis depuis plusieurs années dans l’est du pays. Ces crimes sont pour la plupart mis sur les dos des armées étrangères. Dr Mukwege porte le plaidoyer dans ce sens.

Clément Muamba