Le HCR sollicite 47,2 millions USD au cours des quatre prochains mois afin de venir pour aider 500 000 personnes déplacées internes en RDC et près de 166 000 réfugiés notamment au Burundi et au Rwanda

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Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) alerte sur l’aggravation de la situation humanitaire au Burundi, qui a atteint un point critique en raison de l’afflux rapide de réfugiés et de demandeurs d’asile fuyant les violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) au lendemain des combats précédents l'occupation de la ville d'Uvira par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda.

Depuis le début du mois de décembre, plus de 84 000 personnes ayant fui les combats au Sud-Kivu, en RDC, ont franchi la frontière vers le Burundi. Ce chiffre porte à plus de 200 000 le nombre total de réfugiés et de demandeurs d’asile congolais présents sur le territoire burundais. Face à cette situation, l’agence onusienne appelle au renforcement des ressources financières afin de faire face à l’augmentation croissante des besoins humanitaires.

"Les besoins dépassent largement les ressources disponibles. Le HCR sollicite 47,2 millions de dollars américains au cours des quatre prochains mois afin de venir en aide à 500 000 personnes déplacées internes en RDC et à près de 166 000 réfugiés au Burundi, au Rwanda et dans d’autres pays voisins où les Congolais sont susceptibles de se réfugier. Sans un financement supplémentaire rapide, l’acheminement de l’aide restera retardé et davantage de personnes seront exposées à des dangers", renseigne le HCR dans un communiqué rendu public ce vendredi 19 décembre.

Malgré les difficultés, le HCR et ses partenaires mettent tout en œuvre pour venir en aide aux personnes touchées en RDC, ainsi qu'aux familles nouvellement arrivées au Burundi. 

"Nous enregistrons les arrivées et leur fournissons des articles de première nécessité, notamment des produits ménagers, des couvertures et des seaux. En collaboration avec le gouvernement et les partenaires humanitaires, le HCR met également en place des infrastructures sur le nouveau site, telles que des tentes, des latrines et des réservoirs d'eau, tout en améliorant l'accès routier et en préparant des terrains pour des abris supplémentaires. Les équipes de protection du HCR recensent également les personnes ayant des besoins spécifiques, en particulier les enfants non accompagnés et les victimes de violences sexuelles, afin de leur apporter un soutien adapté", ajoute le communiqué.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) réitère son appel à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC. Il exhorte également les parties au conflit à honorer et à mettre pleinement en œuvre les engagements pris lors des récents efforts de paix afin de protéger les civils, de garantir un accès sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires et de prévenir de nouvelles souffrances pour des millions de Congolais.

Cette situation intervient dans un contexte marqué par une réduction drastique des financements humanitaires, consécutive aux coupes budgétaires opérées par certains donateurs majeurs, notamment les États-Unis. Ces restrictions ont entraîné des conséquences désastreuses, notamment la suspension de projets vitaux, la réduction des activités des ONG, des suppressions d’emplois, ainsi que la privation d’aide pour des millions de personnes, y compris des enfants.

Ces populations se retrouvent privées d’assistance nutritionnelle, de soins essentiels (santé, éducation, santé reproductive) et de mécanismes de protection, compromettant directement leur survie et exacerbant les crises dans les régions les plus vulnérables. Ces baisses de financements affectent également l’efficacité des agences des Nations Unies et des autres organisations humanitaires, désormais contraintes d’opérer des choix difficiles, au risque de compromettre l’aide essentielle destinée aux populations en situation d’urgence.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington, signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés consolider le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires des deux pays, la situation s’est, au contraire, aggravée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la crise sécuritaire actuelle.

Clément MUAMBA