Nouveau mandat de la MONUSCO: en soutenant les efforts de paix, les résultats ne seront visibles qu’en fonction des progrès concrets sur le terrain, prévient Paris à l'ONU

Photo d'illustration
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Dans un contexte où le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo se poursuit, avec de violents combats entre la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, et les forces gouvernementales, le Conseil de sécurité des Nations Unies a choisi la continuité en adoptant à l’unanimité le projet de résolution prorogeant d’une année le mandat de la MONUSCO en RDC.

Portée par la France, par le biais de Jérôme Bonnafont, représentant permanent de Paris auprès des Nations Unies, cette nouvelle résolution place la MONUSCO en première ligne pour soutenir les efforts de paix : ceux de l’Union africaine et de la médiation du Togo, ceux des organisations sous-régionales et de leurs facilitateurs, et, bien sûr, ceux des États-Unis et du Qatar.

"S’agissant de la vérification du cessez-le-feu, le projet adopte une approche séquencée. La MONUSCO est autorisée dès maintenant à soutenir la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent, notamment en appui au mécanisme agréé par les parties à Doha, et à sa composante régionale. Dans quelques mois, ce Conseil aura l’occasion de se prononcer de nouveau sur les modalités de cette implication. Il le fera sur le fondement de propositions du Secrétaire général et de l’évolution de la situation sur le terrain. Cette approche reflète une volonté de compromis entre les diverses positions exprimées lors de la négociation, dans un esprit de responsabilité", a déclaré vendredi 19 décembre 2025 Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies.

Selon toujours le diplomate français, le texte rappelle que les restrictions à la liberté de mouvement de la MONUSCO et à l’exercice de son mandat sont inacceptables. Ce Conseil devra se montrer prêt à agir si ces restrictions venaient à se poursuivre.

"Le vote d’aujourd’hui représente une page importante pour la MONUSCO, qui ne pourra porter ses fruits qu’en fonction de progrès concrets sur le terrain. Face à la gravité et à l’urgence de la situation, et à l’instar de cette résolution, la France appelle l’ensemble des parties à honorer leurs engagements en vue d’une paix durable dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo", a souligné Jérôme Bonnafont.

Par ailleurs, il a dénoncé la poursuite des hostilités sur terrain au moment des négociations autour de ce projet de résolution. Il a dénoncé le soutien continue de l'armée du Rwanda à la rébellion de l'AFC/M23

"Je souhaiterais également remercier l’ensemble des membres du Conseil pour leur implication résolue dans le cadre de cette négociation. Comme à son habitude, la France s’est efforcée de tenir compte des positions de l’ensemble des membres du Conseil pour obtenir un produit de consensus. Ce Conseil a été amené à négocier ce projet de résolution dans des conditions inhabituelles. Vendredi dernier encore, nous nous réunissions alors même que le M23 poursuivait son offensive dans le Sud-Kivu après avoir conquis Uvira, avec le soutien des Forces rwandaises de défense. Cette situation a naturellement eu un impact sur le cours des négociations", a déploré le diplomate français

Prévu pour être expiré ce samedi 20 décembre 2025, le Conseil de sécurité a prorogé pour un an le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). La résolution présentée par la France a été adoptée à l'unanimité ce vendredi 19 décembre 2025 à New-York aux États-Unis d'Amérique. 

Ce mandat une fois de plus particulier car prolonge le séjour de la mission Onusienne en RDC alors qu’elle avait déjà enclenché un désengagement sur le terrain, notamment au Sud-Kivu après une vingtaine d'années de présence. Mais la situation sécuritaire n’est pas encore rassurante, particulièrement dans l’est où la rébellion du M23 occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, Lubero et Walikale au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. 

Plus de 25 ans après l’arrivée des premières opérations de paix en République démocratique du Congo, la MONUSCO demeure l’une des missions les plus robustes et les plus exposées de l’ONU. Selon Onu infos, sa prolongation n’est ni un blanc-seing ni un tournant stratégique : elle reflète un conflit qui résiste aux calendriers et une paix que la communauté internationale, faute d’alternative crédible, tente de contenir plutôt que de résoudre.

Clément MUAMBA