Au-delà de l'extraction, Resource Matters présente son livre blanc pour la transformation du cuivre, du cobalt et du lithium en RDC

Dans un livre blanc publié en ce mois de décembre 2025, l’Organisation non gouvernementale (ONG) Resource Matters dévoile des solutions concrètes pour que la République démocratique du Congo (RDC) parvienne à la transformation locale de certains de ses minéraux critiques, principalement le cuivre, le cobalt et le lithium. Cet organisme estime que parvenir à cet objectif permettra, dans une large mesure, de contribuer davantage à la croissance économique du pays, déjà dépendant dans une large mesure du secteur des mines.

Du concentré au métal : le défi énergétique du cuivre 

Jeudi 18 décembre 2025 à Kinshasa, lors de la présentation de ce livre blanc, Jimmy Munguriek, le représentant de Resource Matters en RDC, a retracé les grands moments historiques du cuivre, depuis l'interdiction d'exportation des concentrés, avec un moratoire jusqu'à fin 2013, jusqu'à la réinstitution de l'interdiction d'exporter les concentrés, mais avec la possibilité d'obtenir des exemptions renouvelables chaque année en 2023. La raison principale de ces moratoires fut, à en croire Jimmy Munguriek, principalement le déficit énergétique.

Pour profiter pleinement du cuivre, Resource Matters estime que le gouvernement de la RDC devrait mettre fin aux dérogations à l’exportation des concentrés, résoudre le déficit énergétique et améliorer la planification industrielle.

Cobalt : entre potentiel de transformation et volatilité des prix 

Le cobalt congolais est actuellement le minerai stratégique le plus recherché à travers le monde, plus que le cuivre. Il est exporté sous forme d’hydroxyde de cobalt, une poudre obtenue après des traitements chimiques simples sur le minerai extrait, et ne contenant que 28 à 38% de cobalt métal pur. Ce qui en fait un produit de valeur moyenne, pas un produit fini à haute valeur ajoutée.

Pourtant, explique Resource Matters, le cabinet d'analyse Bloomberg New Energy Finance (BNEF) avait évalué qu'il serait viable pour la RDC de commencer à produire localement des précurseurs de batteries. Ces « précurseurs » (comme le sulfate de cobalt) sont des produits chimiques plus purifiés et à plus haute valeur que l'hydroxyde, un pas de plus vers la batterie finie.

Le problème est que le prix du cobalt n’est pas stable sur le marché international, étant notamment caractérisé par des chutes brutales. Quand le prix baisse, la marge économique pour investir dans des usines de transformation complexes et coûteuses disparaît.

Pour réussir la transformation locale du cobalt, Resource Matters recommande notamment d’intégrer la transformation locale comme un critère dans le système des quotas d’exportation, de réserver une partie de la production des minerais à l’industrie locale, de finaliser la création d’une Zone Économique Spéciale (ZES) et, enfin, d’établir des partenariats stratégiques avec certaines régions comme la SADC ou avec des fabricants de véhicules électriques (l’Allemagne…). 

Lithium : bâtir une filière stratégique dès la base 

Contrairement au cuivre et au cobalt, l'exploitation du lithium en RDC en est à ses tout débuts. C'est un secteur émergent, encore en construction, avec un potentiel énorme mais des structures à mettre en place. En effet, la demande mondiale en lithium explose pour les mêmes raisons que le cobalt, à savoir les batteries des véhicules électriques. La RDC, déjà leader du cobalt, a le potentiel de devenir un acteur majeur sur ce deuxième métal critique de la transition énergétique, a expliqué Jimmy Munguriek.

Le lithium congolais est contenu dans un gisement de roche dure, l'un des deux procédés d’extraction du minerai, l’autre étant l'extraction à partir de saumures (lacs salés), comme c'est le cas du Chili. La RDC dispose d'un gisement important en roche dure, notamment à Manono.

Pour arriver à la transformation locale du lithium, Resource Matters propose notamment de faire de la valorisation locale un critère d’octroi de permis, de renforcer les exigences des études de faisabilité, d’assurer une allocation énergétique transparente et d’exploiter le levier de la course actuelle au lithium.

Feuille de route : agir à chaque étape de la chaîne de valeur 

Pour Resource Matters, il est possible pour la RDC d’accroître son économie par la transformation locale de ses minéraux stratégiques. L’organisme suggère des actions concrètes à chaque phase du processus minier concernant les minerais stratégiques.

Pour la phase d’exploration, cela passe par le renforcement de la connaissance géologique des minerais stratégiques, notamment par l’adaptation de la politique géologique aux perspectives long terme et à l’activité minière déjà en cours, le financement des recherches sur fonds propres, ainsi que la maîtrise des résultats d’exploration des opérateurs privés.

Pour la phase d’exploitation, le pays devra intégrer la planification minière et énergétique dans l’octroi des permis d’exploitation, en utilisant le critère de valeur ajoutée lors de l’octroi des permis miniers et en renforçant l’analyse des études de faisabilité.

Pour venir à bout du déficit d’électricité, Resource Matters recommande la planification de l’électrification à court, moyen et long terme, l’adoption de modèles financiers publics-privés innovants et décentralisés ainsi que la mobilisation du soutien des partenaires internationaux.

Enfin, pour la phase de commercialisation, cet organisme préconise l’attribution de quotas d’exportation sur la base de la valeur ajoutée locale, ainsi que un contrôle rigoureux de la commercialisation des parts étatiques pour alimenter l’industrie locale.